Nos lecteurs écrivent : Paroles de gouvernement09/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nos lecteurs écrivent : Paroles de gouvernement

Le 21 septembre 2003

Cher(e)s camarades,

Je réagis à l'un des articles parus dans votre hebdomadaire du 19/09/2003 sous le titre: "Le gouvernement n'a pas de parole".

Vous écrivez que le gouvernement, pour faire avaler sa réforme des retraites, avait mis en avant la possibilité pour ceux qui ont travaillé entre 14 et 16 ans de pouvoir partir à 57 ans et qu'il y met "maintenant" des restrictions en excluant les périodes de chômage.

Or des restrictions ont été posées dès le départ par le gouvernement dans l'article 16 du projet de loi rendu public début juin 2003: tout ou partie de la durée totale d'assurance doit "avoir donné lieu à cotisations à la charge de l'assuré." Ce qui exclut non seulement les périodes de chômage, mais aussi de maladie, le service militaire, et pour les femmes les congés maternité.

Au cours de la discussion parlementaire, Fillon a accepté un amendement de l'UMP considérant comme période "cotisée", pour calculer les carrières longues, le service militaire dans la limite de 12 mois. Par contre, il a retoqué les amendements du PS et du PCF qui voulaient prendre en compte chômage, maladie et événements familiaux (congés maternité, paternité, etc.).

Sur cette question, peut-être avez-vous été abusés par la campagne actuelle de la CFDT, qui aujourd'hui fait mine de découvrir ces restrictions. Pour justifier son soutien à cette réforme, la CFDT a présenté ce dispositif comme une "avancée sociale considérable" qu'elle aurait arrachée à Raffarin le 16 mai. La CFDT hausse d'autant plus le ton contre le gouvernement qu'elle n'a pas l'assurance, dans le cadre de la renégociation des régimes complémentaires de retraite, que les patrons ne vont pas imposer des conditions encore plus restrictives rendant cette mesure sans véritable portée.

Bien cordialement,

R.C., Fontenay-sous-Bois(Val-de-Marne)


En effet, tu as entièrement raison. "Le gouvernement tient sa parole" aurait été mieux approprié comme titre de l'article sur le départ en retraite avant 60 ans des travailleurs ayant commencé très jeunes. Il n'a jamais laissé d'ambiguïté concernant le sens général de ses réformes: très ferme et radical dans le sens de la régression, petit, restrictif et tatillon pour cette mesure-alibi.

L'effet d'annonce "partir avant 60 ans" avait soulevé évidemment beaucoup d'intérêt auprès des travailleurs qui pensaient être concernés. Maintenant que la presse précise les choses, et que tous ont décortiqué les dispositions de la loi, beaucoup déchantent.

Dès la première apparition de ces dispositions, qui avaient permis à François Chérèque (CFDT) de justifier son ralliement à la loi sur les retraites, le gouvernement avait mis les points sur les I. Il avait introduit une distinction entre période validée et période cotisée, alors que cette distinction n'existe pas, ou pas encore, pour ceux qui partent après 60 ans.

Le relevé de décision, publié après la réunion du 15 mai 2003 entre Jean-Pierre Raffarin et François Chérèque, précisait:

Si on a commencé à travailler à l'âge de 14 ou 15 ans, il faut:

- 42 années de durée validée, dont 42 années de durée cotisée, pour avoir le droit de partir à 56 ou 57 ans, avec sa retraite entière;

- ou 42 années de durée validée, dont 41 années de durée cotisée, pour avoir le droit de partir à 58 ans.

Pour ceux qui ont commencé à travailler à 16 ans, dans le meilleur des cas il faudra attendre l'âge de 59 ans pour partir à la retraite, à condition d'avoir une durée validée de 42 ans, dont une durée cotisée de 40 ans.

Les travailleurs qui ont commencé à travailler à l'âge de 16 ans ou avant, en ayant plus de 40 années de travail ou de période validée, seraient au nombre de 800000! Mais, comme tu le soulignes, à cause de l'exclusion non seulement des périodes de chômage, mais aussi de maladie, et pour les femmes celles des congés maternité, seule une petite minorité serait concernée par la loi, moins de 300000 travailleurs. Et encore! il n'est même pas sûr qu'ils pourront en profiter.

Les décrets d'application de cette loi ne sont toujours pas parus, et les retraites complémentaires n'ont encore rien prévu pour ce qui les concernent, car les patrons refusent tout ce qui leur coûtera un centime! Résultat, toutes les caisses de retraite conseillent en ce moment à ceux qui pensent être concernés... de ne pas quitter leur emploi !

Partager