"Réhabiliter le travail" ! : Les exploiteurs mal placés pour les leçons de morale09/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Réhabiliter le travail" ! : Les exploiteurs mal placés pour les leçons de morale

À entendre Seillière, Raffarin, Chirac, les grands patrons, on ne travaillerait pas assez en France. Il faudrait chercher là l'origine des difficultés économiques du pays. Chacun y va de son couplet pour dénoncer la responsabilité des travailleurs fainéants, paresseux.

S'adressant au gouvernement, le baron Seillière a ainsi déclaré: "Après des années de propagande fallacieuse sur les loisirs, vous avez sifflé la fin de la récréation". Pour Chirac, le "travail a été dévalorisé". Pour son compère Raffarin, "l'avenir de la France, ce n'est pas d'être un immense parc de loisirs; l'avenir de la France, c'est de travailler". Le même répète qu'il faut "redonner d'abord au travail sa place centrale". Quant au PDG d'une des plus grandes banques, le complice de centaines de milliers de licenciements, il ose dans sa tribune de propagande dans le journal Le Monde inviter les Français "à retrouver le goût de l'effort et l'envie de réussir"!

Tous ces gens-là crachent leur haine et leur mépris du monde du travail. Ils reprennent un vieux refrain. Celui d'un Pétain par exemple, dont la devise était "Travail, Famille, Patrie" et qui rendait responsable de la défaite de 1940 la semaine de 40heures, imposée par les grèves de juin 1936.

Les uns et les autres mentent effrontément. Comme s'ils ne connaissaient pas la situation du monde du travail, la dégradation de ses conditions d'emploi, dont ils sont à la fois responsables et bénéficiaires. Ils développent le travail en équipes dans des secteurs où il n'est pas nécessaire au fonctionnement de la société. Ils intensifient les cadences. Ils ont jeté dans le chômage des millions de travailleurs. Nombre de ces chômeurs sont même privés de tout espoir de retrouver un jour un véritable emploi. Aujourd'hui, plus d'un tiers des habitants de ce pays en âge de travailler en sont empêchés: chômeurs, femmes qui ne trouvent pas de travail et se résignent à rester au foyer. Mais nos champions de la "réhabilitation du travail" n'ont que faire de tous ceux qui en sont privés comme de ceux qui en ont un.

Quand ces exploiteurs et leurs porte-parole parlent de "réhabiliter le travail", il faut l'entendre comme leur volonté de pressurer toujours davantage les travailleurs.

Mais tous ces actionnaires, ces spéculateurs, ceux qui, assis sur leur fortune, vivent souvent dans le luxe et l'oisiveté, que font-ils pour la collectivité, sinon en vivre en parasites?

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