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Dans les entreprises
Rhodia : Les actionnaires préparent leurs mauvais coups
Vendredi 3 octobre, chez Rhodia, nous avons appris par la presse que notre PDG, Jean-Pierre Tirouflet, quittait la direction du groupe. Plutôt que d'être démis de ses fonctions lors de la prochaine réunion du conseil d'administration du groupe, comme cela était prévisible, il a donc préféré prendre les devants en démissionnant.
Nous n'avons aucune raison de nous faire du souci pour ce nouveau "chômeur". Tirouflet part avec un "golden-parachute" de près de 2 millions d'euros et la garantie d'une retraite confortable.
Il y a un an, il avait déjà été sur la sellette, en raison des mauvais résultats du groupe. Il n'avait sauvé son poste que de justesse, se posant en défenseur de "l'intégrité du groupe ", face aux "financiers" qui voulaient, selon lui, le démanteler. A cette occasion, il même avait reçu le soutien de la CFDT!
Mais l'action Rhodia avait continué à dégringoler. De 21euros à son introduction en Bourse en 1998, elle est tombée à moins de 6euros. Et depuis un an le groupe n'a cessé de cumuler les pertes...
Tout cela ne fait évidemment pas l'affaire des actionnaires, pour qui un placement doit être juteux. Mais il importe peu de savoir lequel des requins de la finance qui spéculent sur l'action Rhodia l'emportera. Dans un cas comme dans l'autre, c'est nous, les salariés, qui risquons de payer la note. Nous l'avons déjà payée avec Tirouflet. Le bilan de sa politique est éloquent. Tous les investissements sont bloqués; il n'y a pratiquement plus de maintenance et certains ateliers tombent littéralement en morceaux. À cela il faut ajouter les suppressions d'effectifs et l'externalisation de plusieurs activités.
Avec le départ de Tirouflet, on nous parle aujourd'hui d'un nouveau plan d'économies de 150 millions d'euros, de 600 millions d'euros de cessions d'actifs. Alors quel atelier, quelle usine risque-t-elle d'être vendue? Il y a des risques de plusieurs milliers de licenciements à la clé, et nous avons des raisons d'être méfiants, quand on connaît la biographie de celui qui remplace Tirouflet, Yves-René Nanot. Ce monsieur a témoigné, en tant que représentant du Medef, devant la commission parlementaire formée après l'accident de l'usine AZF à Toulouse. Il y avait soutenu que les accidents sont essentiellement provoqués par des erreurs humaines. Et à la question "Trouvez-vous normal que la sécurité du site d'AZF soit assurée par un sous-traitant?", M. Nanot répondit: "Vous avez tout intérêt à vous adresser à des spécialistes du gardiennage plutôt que d'avoir des bras cassés qui ne font pas de gardiennage mais dorment pendant leur quart de nuit et que vous continuez à payer au tarif de la convention collective de la chimie".
Alors nous savons à quoi nous en tenir. Mais que la direction se méfie. Nous sommes nombreux et c'est par la lutte collective que nous nous opposerons le plus efficacement à ses mauvais coups!