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Leur société
Retraites complémentaires : La note du patronat est salée!
Les représentants du patronat viennent de faire connaître leurs exigences à propos des retraites complémentaires. Retraités et futurs retraités verraient leurs droits gravement remis en cause. Il n'y a bien évidemment que le patronat qui n'aurait rien à payer.
Après les lois visant à réduire les droits des futurs retraités, il restait à traiter le dossier des retraites complémentaires pour les salariés du privé, ce à quoi le patronat s'emploie activement. Celles-ci sont gérées dans le cadre d'un régime paritaire par les représentants des syndicats de salariés et du patronat: L'ARRCO, pour les salariés hors encadrement, et l'AGIRC, pour la caisse des cadres et assimilés. Le montant de ces retraites complémentaires, qui représente jusqu'à 40% du montant total de la retraite, est donc vital pour les retraités et futurs retraités.
Au printemps dernier, le patronat avait menacé de s'attaquer brutalement aux retraites complémentaires si ses revendications concernant le recul de l'âge de la retraite pour les salariés du privé n'étaient pas prises en compte. Il n'avait pas besoin de menacer pour que le gouvernement reprenne ses voeux. Or aujourd'hui que cette partie de l'affaire est acquise pour lui, il reprend ses anciennes exigences, sans complexes.
Lundi 27 octobre, le patronat a présenté sa note lors d'une réunion avec les syndicats. Pour les futurs retraités, il réclame que le prix d'achat des points acquis chaque année soit augmenté. Si le prix des points était augmenté, chaque salarié en aurait moins et, au final, il aurait une pension diminuée. De plus, le Medef exige aussi que ce prix majoré pour l'acquisition des points soit revalorisé chaque année du montant de l'augmentation moyenne des salaires, soit beaucoup plus qu'aujourd'hui. Par contre le Medef revendique que les pensions servies aux retraités soient dorénavant revalorisées du seul montant de l'indice officiel des prix, encore diminué de 0,5% supplémentaire. Jusqu'ici les pensions étaient revalorisées du montant de l'augmentation moyenne des salaires. La différence est considérable. Pour les retraites du régime général on a calculé que le différentiel entre les augmentations officielles des prix et celles des salaires réels allait de 20 à 25% en moins de vingt ans. C'est donc une baisse brutale et générale des pensions actuelles comme futures que voudraient imposer les représentants du patronat.
Les porte-parole du Medef ajoutent que bien évidemment, pour eux, il n'est pas question que le patronat mette la main à la poche pour un seul centime.
Et comme si ces déclarations n'étaient pas suffisamment provocatrices en elles-mêmes, les patrons ajoutent que ces mesures contre les retraités et futurs retraités ne seraient qu'un début, puisque les sacrifices imposés ne couvriraient «qu'un tiers à la moitié des besoins». Et, pour finir, le patronat refuse de garantir le paiement des retraites complémentaires pour les retraités ayant entre 60 et 65 ans, car pour lui la retraite à 60 ans n'a plus lieu d'être, quel que soit le temps de cotisation des intéressés. Cette décision entraînerait immédiatement une baisse des pensions des retraités entre ces deux âges de 25% et plus.
Mais le plus étonnant, ce n'est pas le culot du patronat qui avance ses revendications, mais le silence assourdissant des dirigeants des confédérations syndicales. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, avait promis au printemps un automne très chaud si le patronat osait s'attaquer aux retraites complémentaires. Le patronat attaque sans retenue. Alors, qu'attendent ces dirigeants syndicaux pour appeler les travailleurs à faire échec aux plans patronaux?
Il n'y a aucune raison pour que les travailleurs se soumettent à cette remise en cause radicale de leurs retraites. C'est sur les profits considérables du patronat qu'il faut aller chercher l'argent.