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Tribune de la minorité
Saddam est tombé, l'impérialisme en fabriquera d'autres
"Fait comme un rat"... "humilié"... un "couard"... la capture de Saddam Hussein, après neuf mois de cavale, a fait pousser des cris de victoire, sans la moindre retenue, à tous ceux qui l'avaient désigné comme l'ennemi à abattre.
La fin de l'ex-dictateur n'a sans doute guère de raisons de faire pleurer le peuple irakien qui fut la principale victime de ses exactions, ni les travailleurs ou les opprimés du monde entier. Mais rien ne nous permet de partager la joie indécente de tous ces va-t-en guerre (qui ne sont pas seulement dans ces centres du grand banditisme international que sont la Maison Blanche ou l'Elysée) qui aujourd'hui triomphent sans péril. Les mêmes qui hier ont déclenché la foudre contre la malheureuse population irakienne, après l'avoir affamée pendant des années.
Saddam Hussein est certes le responsable de nombreux massacres, des dizaines de milliers de Kurdes, de chiites, d'opposants politiques de tous bords. Mais ce n'est pas cela qui gênait les puissances impérialistes lesquelles continuent à appuyer des dictatures semblables régnant par le fer et par le sang dans le plus grand nombre de pays de la planète. C'est la France, la Grande Bretagne et les États-Unis qui ont poussé il y a une vingtaine d'années Saddam Hussein à mener une guerre à l'Iran au prix de centaines de milliers de victimes des deux côtés. Ce sont ces pays qui l'ont à l'époque soutenu et armé. Saddam Hussein a bénéficié de leur bénédiction tant qu'il a accepté de servir l'emprise des capitalistes occidentaux sur les richesses pétrolières de la région. Ce n'est que lorsque l'homme de main, en envahissant le Koweit, a voulu s'émanciper et travailler pour son propre compte et pour les maffias de son propre pays qu'ils l'ont trouvé nuisible.
Alors la "démocratie" apportée à l'Irak par les armées américaines et leurs alliés! Quelle blague! Comme en Afghanistan sans doute? Ce pays où les Occidentaux (y compris la France) ont enlevé le pouvoir aux Talibans pour le remettre à des chefs de guerre, véritables bandits, aussi peu soucieux de la population et du sort des femmes que l'étaient les Talibans et qui continuent faire régner la terreur au nom du même obscurantisme religieux. Pires même que les Talibans, car plus avides qu'eux de s'enrichir par tous les moyens les plus crapuleux, y compris le développement du trafic de drogue. Oui, les beaux alliés démocrates que ceux de l'armée américaine!
D'ailleurs les missiles tuent rarement les gouvernants (pas le mollah Omar en Afghanistan, pas plus Saddam en Irak). En revanche les tapis de bombes détruisent bien un pays et massacrent sa population. Ce fut le cas à deux reprises encore la semaine dernière où des enfants afghans ont perdu la vie sous les balles qui visaient, paraît-il, des mollahs ennemis.
Mais la démocratie, comme la paix, les autorités américaines s'en moquent. Ce qui importe pour Bush, maintenant c'est sa réélection. La mise en scène de la capture de Saddam est venue pour faire oublier aux États-Unis que de plus en plus de jeunes militaires américains, partis en fanfare, rentrent dans des cercueils. Venue aussi pour remonter le cours du dollar, même si c'est très momentané, même si ça ne change rien au sort des pauvres et des travailleurs américains, même si la marche des affaires aux États-Unis et dans le reste du monde est liée à bien d'autres aléas de ce système aveugle qui est celui du profit et de la propriété privée des moyens de production.
Il faudrait être bien naïf pour croire que la fin de Saddam Hussein sera la fin de la dictature en Irak. Tout autant pour penser que ce sera même la fin de la résistance irakienne. Le pillage des richesses et en particulier du pétrole, le véritable but de l'expédition guerrière de Bush, ne pourra que contribuer à dresser la population contre ses exploiteurs, d'autant plus maintenant qu'ils sont ouvertement étrangers.
C'est d'ailleurs le seul avantage que nous pourrions voir à l'élimination de Saddam. Que les pauvres et les opprimés irakiens décidés à se battre continuent à le faire mais cette fois pour eux-mêmes et autour de chefs ou de partis qui les représentent et ne soient pas de leurs pires ennemis comme Saddam Hussein ou Al-Qaïda.
Editorial des bulletins d'entreprise "l'Etincelle" de la minorité du 15 décembre 2003
Convergences Révolutionnaires nE 30 (novembre-décembre 2003), bimestriel publié par la Fraction
Dossier: Gouvernement et patrons à l'assaut de la Sécurité sociale. Quelles médecines nous concoctent Raffarin, Mattei, les trusts pharmaceutiques et les assurances? Quel jeu jouent les syndicats?
Articles: LO-LCR au-delà des élections; voile à l'école et confusions à gauche et à l'extrême gauche; Belgique: les patrons licencient, les syndicats collaborent; Moyen- Orient: la guerre de Sharon aux Israéliens; Iran: quand l'Union Européenne courtise le régime des ayatollahs.
Pour se procurer ce numéro, 1,5 E, ou s'abonner (1an: 9 E; de soutien: 15 E) écrire à:LO, pour la Fraction, BP 233-75865 Paris Cedex 18Ou Les Amis de Convergences, BP 128-75921 Paris Cedex 19 - Sur le Net: http://www.convergencesrevolutionnaires.org