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Dans le monde
Séisme en Iran : Pour les victimes, il y a toujours urgence
Quinze jours après le tremblement de terre en Iran qui a frappé la ville de Bam et ses environs, les différentes équipes de secours envoyées par les gouvernements étrangers sont reparties avec leur matériel, en démontant les hôpitaux de campagne qu'elles avaient installés. Le séisme a fait plus de 40000 victimes, soit un tiers de la population, la ville est détruite à plus de 90%, les dégâts dans les villages environnants sont équivalents. Les rescapés doivent maintenant tenter de survivre dans ce champ de ruines en ne comptant que sur eux-mêmes et sur les aides, bien dérisoires au regard des besoins, que recueilleront différents organismes.
Après avoir envoyé quelques centaines d'hommes pour une quinzaine de jours et, pour certaines, promis une aide financière, les grandes puissances ont estimé qu'elles avaient rempli leurs obligations vis-à-vis des victimes du séisme, et qu'il n'y avait plus d'urgence. Pourtant, alors que les nuits sont glaciales, bien des familles n'ont même pas encore de tente pour s'abriter, la nourriture et l'eau sont distribuées de façon irrégulière, en quantité insuffisante, et les maladies causées par les conditions sanitaires déplorables risquent de se multiplier. Les pays riches, qui possèdent d'énormes moyens industriels et logistiques, savent les utiliser pour construire rapidement des bases militaires, véritables villes comprenant des habitations approvisionnées en eau, électricité et nourriture, ainsi que tous les services nécessaires. Les Américains l'ont montré dans l'Irak voisin. Mais il ne faut pas compter sur les pays impérialistes, qui tirent profit de l'exploitation du pétrole iranien, pour mettre tous ces moyens à la disposition de sinistrés qui n'ont pas les moyens de payer.
Quant au gouvernement iranien, il est plus occupé à faire respecter la "morale" imposée à la population par les religieux et à tirer profit de la corruption qu'à mettre en vigueur des normes strictes de construction dans cette région du globe régulièrement soumise à des séismes. Les officiels reconnaissent eux-mêmes qu'en cas de séisme de même intensité qu'à Bam, 90% des hôpitaux de Téhéran seraient détruits ainsi que les bâtiments gouvernementaux. Il en va de même pour les bâtiments des principales villes, les plus vulnérables étant les habitations de la population.
En Iran, les habitants de Bam vont attendre des années, dans le dénuement, une hypothétique reconstruction d'habitations sans doute aussi peu fiables que les anciennes, abandonnés par leur gouvernement plus apte à distribuer sa morale religieuse qu'à venir en aide à la population, tout comme par les gouvernements des pays riches, qui ne s'intéressent aux pauvres de la planète que quand ils peuvent en tirer profit.