D'après le magazine Enjeux Les Echos, l'entreprise Renault lutterait, depuis le début des années 1990, contre le stress, qu'elle place «parmi les priorités de sa politique de santé au travail». Ainsi, lorsqu'un salarié de Renault travaillant au siège de Boulogne, à l'usine de Sandouville ou au Technocentre de Guyancourt, se présente à la visite médicale annuelle, on le soumet, s'il est d'accord, à un test sur son niveau de stress. Mais attention, comme il ne faut pas trop rallonger la visite médicale -ce qui ferait perdre du temps et de l'argent à l'entreprise puisque, pendant ce temps-là, le salarié ne travaille pas- le test ne dure que dix minutes!

Celui-ci consiste en vingt-cinq questions, du genre: «Vous sentez-vous capable de maîtriser votre énervement?» «Êtes-vous souvent -ou au contraire presque jamais- de bonne humeur?» «Avez-vous été dérangé par un événement inattendu?»

A n'en pas douter, il y a là... de quoi énerver n'importe quel ouvrier ou employé! Car enfin, comment «rester de bonne humeur» quand on est cloué devant son ordinateur, dans un bureau où, en plus du bruit, il y a toujours plus de travail à fournir et toujours dans l'urgence, et ceci, même si le bureau est dit «paysager»? Comment «maîtriser son énervement» lorsqu'on travaille sur chaîne et qu'on est de plus en plus soumis à l'intensification des cadences? Et comment ignorer que les suppressions de postes survenues ces dernières années à Renault, les fermetures d'usine comme celle de Vilvorde, les réductions massives d'effectifs sur l'ensemble du groupe suscitent naturellement l'inquiétude des salariés, qui sentent constamment peser des menaces sur leur emploi?

Renault, entreprise pilote pour traquer le stress? Elle serait plutôt championne pour le créer!

...en hausse !

En 2002, selon les dernières statistiques rendues publiques par l'entreprise Renault, 23,1% des salariés interrogés étaient soumis à un stress mettant en péril leur santé, 4% étaient dépressifs et 12,8% donnaient des signes d'anxiété pathologique. Entreprise pilote, Renault, mais pas dans les résultats!

Du coup, la direction de Renault a décidé de lancer un appel d'offres pour mettre en place des formations de maîtrise du stress. Un des responsables, interviewé par le magazine Enjeux Les Echos, a déclaré: «Nous proposons d'ores et déjà des modules sur la gestion du temps, l'efficacité des réunions ou encore prochainement l'utilisation des e-mails, autant d'outils qui aident à la prévention du stress.»

A force de prendre des mesures tellement ridicules qu'elles en deviennent énervantes, nul doute que les statistiques vont s'améliorer... à la hausse!