Quarante mille mères, vivant déjà dans une situation extrêmement difficile, vont perdre 1300 euros sur huit mois, avant et après la naissance de leur enfant. Telle est la conséquence de la mise en place de la Paje (Prestation d'accueil du jeune enfant), allocation qui regroupe depuis janvier 2004 plusieurs aides aux familles.

Jusqu'à présent, une dérogation permettait aux mères isolées et en grande précarité de cumuler des allocations familiales. Ce "cumul" ne leur garantissait certes pas des revenus élevés: à l'Allocation pour parent isolé (API ), qui s'élève à 530 euros par mois pour une femme enceinte et 806 euros après la naissance de son enfant, s'ajoutait l'Allocation pour jeune enfant (APJE), allocation dite "courte" aussi bien par son montant que par sa durée: 160 euros par mois, du cinquième mois de grossesse jusqu'aux trois mois de l'enfant.

Or, avec le nouveau dispositif instaurant la Paje, cette dérogation disparaît. Les mères isolées les plus démunies vont ainsi perdre près de 20% de leur pouvoir d'achat dans l'année qui entoure la naissance de leur bébé.

Les défenseurs du nouveau système disent que celui-ci va bénéficier "à 200000 personnes supplémentaires". Il s'agit des familles plutôt aisées qui, elles, vont gagner sur la même période de huit mois 1300 euros et percevoir 160 euros jusqu'aux trois ans de leur enfant. Et ce sont les plus riches qui profiteront le plus du nouveau dispositif, avec 180 euros de plus par mois.

En décembre, la Caisse nationale d'allocations familiales a alerté l'État et elle a, depuis, été relayée par plusieurs caisses départementales pour dénoncer cette mesure lésant les plus pauvres. La CNAF demande que "les bénéficiaires puissent toucher l'API et la Paje à taux plein et que la Paje ne soit pas déduite de l'API".

Mais le gouvernement, parfaitement au courant depuis le début des conséquences de la Paje, reste sourd. Un de ses concepteurs a même déclaré: "La Paje est une belle organisation, une réforme équilibrée, il serait regrettable que vous la discréditiez à cause de ce point de détail." Un "point de détail"... que quarante mille mères soient encore plus dans la détresse alors que les plus riches ont plus de cadeaux! Ce gouvernement au service des riches, en gros et en détail, affiche un cynisme grossier et sans aucun complexe!