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Maroc : Un tremblement de terre aux conséquences aggravées par l'incurie gouvernementale
La région d'Al Hoceima, dans le Rif, à cinq cents kilomètres au nord-ouest de la capitale marocaine, Rabat, a été le centre d'un violent tremblement de terre dans la nuit du 23 au 24 février. Il y a près de 600 morts, des centaines de blessés, des dizaines de milliers de sans-abri, des dizaines de milliers d'autres habitants qui refusent de regagner leurs maisons de crainte des nouvelles répliques.
A cela s'ajoutent des dégâts matériels considérables: plus de 2500 maisons détruites et des villages de montagne rayés de la carte.
La population victime du séisme ...
Plusieurs jours après le tremblement de terre, la population de nombreux villages de montagne n'a toujours reçu aucune aide. Des milliers de familles couchent dehors sous la pluie et le froid glacial de la fin de l'hiver, tandis que les plus chanceuses s'entassent sous des tentes en plastique. Pour justifier la lenteur des secours, le gouvernement marocain évoque les conditions climatiques difficiles, le temps pour évaluer les besoins, l'enclavement de la région, etc.
Les maisons villageoises construites en pisé ont été détruites, tandis que beaucoup de nouvelles constructions se sont écroulées comme des châteaux de cartes, n'ayant pas été construites selon les normes antisismiques en vigueur, révèle le journal marocain l'Économiste. Les promoteurs immobiliers ont contourné la loi, achetant le silence des autorités locales corrompues.
La région sinistrée est connue depuis longtemps comme étant une zone sismique, comme presque tout le pays d'ailleurs. Un tel événement pouvait donc être anticipé. En 1994, la région avait enregistré un séisme aux conséquences cependant moins dévastatrices.
... et de l'incurie gouvernementale,
Mais prévoir les infrastructures sanitaires comme les équipes de premier secours et d'intervention rapide, construire des bâtiments aux normes antisismiques, mettre en place des outils de prévention, a été le cadet des soucis du gouvernement marocain. Des manifestations de colère se sont multipliées dans les premiers jours dans la ville d'Al Hoceima et dans les villages alentours de Bni Abdallah, d'Adjr, de Bni Bouiech, ou d'Imzouren. Des jeunes ont pris d'assaut des camions de ravitaillement qui apportaient vivres et couvertures.
La presse française et marocaine aux ordres s'est surtout extasiée devant la "modernité" de Mohamed VI qui conduisait lui-même son 4X4 pour soi-disant aller "réconforter les populations sinistrées", évitant de s'attarder sur le report répété de ce voyage. Et l'aide qui arrivait au compte-gouttes a commencé à arriver de façon plus notable avec l'arrivée du roi!
Mais la population ne semble pas être totalement dupe. Comme l'exprimait tout haut un rescapé: tout cela "c'est de la publicité" pour le roi, "mais là dans la montagne, il y a des petits enfants, des femmes enceintes qui souffrent".
L'État marocain n'a pas été capable de fournir des vivres, des couvertures, des tentes en temps et en heure aux sinistrés. Mais il a su en revanche trouver les moyens nécessaires pour organiser la caravane publicitaire du roi et évacuer les détenus de la prison d'Al Hoceima vers d'autres centres de détention du pays... de crainte que les répliques du tremblement de terre ne détruisent la prison de la ville!