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- Lutte ouvrière n°1858
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Leur société
Des administrateurs judiciaires... de leur propre compte!
Seize administrateurs judiciaires parisiens doivent passer devant le tribunal pour corruption active et passive.
En cas de dépôt de bilan, les fonds des entreprises en liquidation ou en redressement judiciaire passent sous le contrôle de ces mandataires de justice, qui doivent veiller au remboursement des créanciers et des salariés. Or ces administrateurs, parmi les plus importants de Paris, sont soupçonnés d'avoir passé un accord avec une ancienne filiale du Crédit Lyonnais, le SDBO, pour placer ces fonds à des taux très bas, voire à taux zéro, en échange de crédits personnels à des taux aussi ridicules. Ces opérations leur auraient rapporté jusqu'en 1995 au moins quarante millions de francs, ce qui donne la mesure du bénéfice des banques, forcément plus important.
A vrai dire, l'affaire serait restée dans l'ombre si, en 1995, le CDR chargé de gérer le "trou" du Crédit Lyonnais n'avait pas révélé la magouille, craignant de voir sa responsabilité engagée. Mais seul le fisc avait alors réagi, se contentant de réclamer aux administrateurs le paiement des impôts sur cette forme de revenu non déclaré.
Il a fallu la cavale de deux mandataires de Nanterre, partis avec 200 millions de francs, pour qu'un juge soit nommé en 1998 pour enquêter sur ces pratiques. Ce n'est que sept ans après leur découverte que les faits vont maintenant être jugés.
On le voit, après la faillite et la liquidation d'une entreprise, une population de profiteurs de tout acabit vit et prospère sur son cadavre, de façon légale et illégale.
C'est d'autant plus choquant que la faillite de l'entreprise a laissé sur le carreau les salariés qui ont, par leur travail, créé ses richesses sans en voir la couleur.
Dans cette affaire, le détournement a été opéré par ceux-là mêmes qui, au nom de la justice, sont chargés de contrôler les comptes des entreprises.
Le seul contrôle vraiment efficace et sérieux des comptes des entreprises et de leurs dirigeants, serait celui, collectif et public, des travailleurs eux-mêmes.