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Leur société
PCF : Des "débouchés politiques" qui sont des culs-de-sac
Les dirigeants du PCF expliquent que la politique de l'extrême gauche, contrairement à la leur, serait stérile, purement protestataire. Même si, expliquent-ils, il faut des luttes, celles-ci ne peuvent aboutir que si elles ont un débouché politique.
Cela se traduit plus prosaïquement par le soutien que le PCF accorde au PS dans l'espoir, qui sait, d'être rappelé un jour au gouvernement. C'est la même démarche pour les élections régionales, le PCF s'engageant à soutenir le PS au deuxième tour, et même dès le premier, dans les régions où des listes communes ont été constituées.
Et pourtant, à chaque fois, sans exception aucune, la participation ou le soutien du PCF à un gouvernement a abouti à duper les travailleurs et les classes populaires. A-t-on oublié, pour ne parler que du demi-siècle écoulé, que c'était déjà sous prétexte de ménager un "débouché politique" que les dirigeants du PCF avaient laissé les mains libres au PS (il s'appelait alors la SFIO) pour généraliser la sale guerre en Algérie? C'était en 1956, le PS au gouvernement put intensifier la guerre, fort des pouvoirs spéciaux que venaient de lui voter les députés du PCF.
Plus tard, la direction du PCF jura qu'on ne l'y reprendrait plus. En mai 1972, son Comité central parlait même de cette "triste expérience" et ajoutait: "Eh bien non, il ne faut pas recommencer 1956, et les travailleurs peuvent être certains que nous y veillerons".
Cependant, un mois plus tard, le PCF signait avec le PS un accord sur un programme commun de gouvernement. Le PCF se mit une nouvelle fois au service du PS, à tel point qu'en avril 1974 il renonça à présenter son propre candidat à l'élection présidentielle, pour ne pas faire concurrence à Mitterrand. Celui-ci ne faisait pourtant pas mystère de vouloir réduire électoralement le PCF à la portion congrue.
Au nom de ce débouché politique, qui s'est appelé successivement "union de la gauche" puis "gauche plurielle", les adhérents du PCF ont milité pour la victoire et l'hégémonie du PS. Quand le gouvernement Mauroy bloqua les salaires, en 1982 et 1983, il y avait quatre ministres du PCF en son sein. Puis, en 1997, le gouvernement de la "gauche plurielle", dirigé par Jospin accorda la flexibilité du travail au patronat à l'occasion de la loi dite des 35 heures. Ce gouvernement multiplia les privatisations. Il y avait à nouveau des ministres communistes, dont le plus en vue, celui des Transports, Gayssot, se dépensa à justifier la politique du gouvernement dont il était membre.
Quoi d'étonnant à ce que la majeure partie des électeurs du PCF aient perdu confiance? Il est passé de plus de 20% des voix, qu'il recueillait encore avant 1981, à 3,37% à l'élection présidentielle de 2002. Mais les dirigeants du PCF n'en ont tiré aucune leçon. Robert Hue disait, en 1997, avant que son parti prenne la décision d'entrer dans le gouvernement Jospin: "Nous ne voulons pas refaire ce qui a échoué en 1981". Marie-George Buffet explique aujourd'hui qu'il "faut révolutionner la gauche", car "la gauche est bloquée". "LO et la LCR s'enferment dans un discours de désespérance. Le PS propose des motions de censure, mais on n'entend pas très bien quelle politique différente de celle menée par la gauche plurielle il propose. Nous (le PCF) pouvons créer une nouvelle dynamique, ouvrir d'autres pistes."
Mais si Marie-George Buffet n'entend pas très bien le PS, c'est qu'il n'a rien dit de différent de ce qu'il a toujours dit et fait, surtout, rien de concret à proposer au monde du travail. Et c'est pourtant avec ce même PS que le PCF va se retrouver au second tour. S'il suffisait d'être quelques notables en plus dans les Conseils généraux, au Parlement, pour infléchir une politique en faveur des classes populaires, on s'en serait aperçu!
Par contre, oeuvrer à inverser le rapport de force en faveur du monde du travail, c'est la seule voie pour peser sur les choix politiques, y compris face à des gouvernements de droite. Après tout, le gouvernement qu'on nous disait fort de De Gaulle avait dû reculer devant la grève générale de mai-juin 68.