- Accueil
- Lutte ouvrière n°1860
- SAES (Toulouse) : 15 jours de grève pour les salaires
Dans les entreprises
SAES (Toulouse) : 15 jours de grève pour les salaires
SAES est une entreprise du bâtiment, filiale toulousaine du groupe EIFFAGE (construction). Elle emploie 60 ouvriers en CDI (contrats à durée indéterminée), pour 90 ayant des contrats d'intérim.
Sur la région toulousaine, il est courant que les patrons cherchent à nous mettre en concurrence avec des intérimaires portugais qui viennent pour des «missions» de trois mois, renouvelables à l'infini (payés 7,50 euros de l'heure, prime de grand déplacement comprise). Au Portugal, ce sont les Ukrainiens qui sont surexploités. Chez SAES, comme partout, le patron se sert de la précarité pour essayer d'imposer des conditions de travail pénibles. Il nous est demandé de plus en plus de rendement. La chasse aux temps morts est la règle. Sous prétexte de tenir les délais, il nous est aussi demandé de travailler en équipes chevauchantes ou successives, et le travail le samedi est fortement encouragé, voire imposé aux travailleurs intérimaires, sous menace de fin de mission.
Et puis, il y a les salaires. Et c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Lors des négociations sur les salaires, le patron proposait 1% au 1er janvier et 1% au 1er juillet. Le lundi 1er mars, à la suite d'une réunion appelée par la CGT, nous nous sommes mis en grève à 45 ouvriers CDI pour obtenir 5% d'augmentation.
La première semaine, nous sommes restés au siège de l'entreprise: on gênait l'accès aux bureaux, banderoles déployées, sit-in dans le hall d'accueil, grillades sur le parking, assemblées tous les jours pour déterminer la suite du mouvement. Dès le lundi matin, la direction proposait 1,7% au 1er janvier et un complément d'augmentation pouvant aller jusqu'à 0,8% au 1er mai, date de la négociation de la grille régionale. Mais cela ne faisait pas le compte.
Vendredi 5 mars, il fut décidé avec les plus déterminés d'aller bloquer le chantier du collège de Nailloux. Le chantier a été bloqué toute la semaine. Les intérimaires, en solidarité avec nous, ont refusé de travailler tant que nous étions devant le portail. Toutes les marchandises ont dû faire demi-tour: toupies de béton et pré-dalles. La direction, comptant nous intimider, a envoyé un huissier. En vain.
Vendredi 12 mars, dès 7 h, la direction qui s'était déplacée sur le chantier a un peu reculé en proposant: 2,5% d'augmentation au 1er janvier, la retenue des jours de grève en deux fois et 250 euros de prime si nous reprenions lundi 15 mars et si nous nous engagions à rattraper le retard du chantier d'ici le 15 avril et à venir deux à trois samedis. Elle demandait que l'on reporte notre solde de congés et nos journées RTT en mai et juin.
La direction a donc un peu reculé, mais avec des conditions de reprise inacceptables, d'autant que nous réclamions le paiement des jours de grève. Cependant certains d'entre nous ne se sentaient pas de tenir une troisième semaine et nous avons décidé la reprise du travail tous ensemble, avec le sentiment de le faire la tête haute et bien décidés à nous faire respecter.