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Dans les entreprises
Renault : Les employés de l'informatique continuent à refuser la filialisation
Lundi 5 avril à 10h30, 350 personnes de la DTSI (la direction informatique de Renault) se sont rassemblées une nouvelle fois sous les fenêtres de leur directeur qui recevait une délégation syndicale à propos du projet de filialisation du secteur.
Cela fait des mois que les salariés, dont une grande partie sont des cadres, expriment leur refus d'être filialisés. Ils sont nombreux à travailler chez Renault depuis dix, vingt, trente ans et même si leur "statut" est loin d'être parfait et n'est pas garanti, ils savent que la filialisation risque d'entraîner rapidement la remise en cause de ce qu'ils ont aujourd'hui. Il est clair que toutes les filialisations n'ont qu'un objectif: diminuer les coûts. Elles se traduisent, à chaque fois, par une dégradation des conditions de vie et de travail et il est alors plus difficile de regagner le terrain perdu.
Cette fois-ci, les membres de la délégation s'étaient engagés, au cours d'une brève prise de parole, à rester vingt minutes en réunion et à quitter la salle si, au terme de ce délai, rien de concret ne se dessinait. Au bout d'une demi-heure, un membre de la délégation redescendit pour dire que le directeur continuait à noyer le poisson. Après avoir crié plusieurs slogans comme: "Non à la filialisation", "Retrait du projet Corniou" (c'est le nom du directeur), les participants décidèrent de monter tous ensemble à la réunion. Le directeur s'étant enfermé avec le reste de la délégation, de nombreux salariés bloqués dans le couloir se mirent à taper sur les cloisons en tôle du local pour se faire entendre.
Il fallut plusieurs minutes de ce vacarme pour que d'autres membres de la délégation puissent descendre, annonçant à leur tour qu'il n'y avait rien de nouveau, le directeur utilisant le terme vague de "refondation" à propos de ses projets, et déclarant seulement "explorer toutes les pistes", y compris donc celle de la filialisation. Il était plus de midi. Les salariés attendaient le directeur pour... le huer, mais ils ne purent s'en prendre qu'à ses adjoints car il sortit par une porte dérobée.
Les salariés voient que leur mobilisation a permis de retarder la mise en place de la filialisation mais que la partie n'est pas encore gagnée. Ils se sont donné rendez-vous le 26 avril, date de la prochaine réunion sur la filialisation entre la direction et les syndicats.
Il est sûr que pour obtenir satisfaction, il leur faudra continuer tous ensemble et même continuer plus fort. Depuis des années, la politique de Renault, comme de bien d'autres entreprises, est de multiplier à l'infini les statuts différents pour le personnel afin de mieux le diviser. Aux intérimaires, aux CDD, s'ajoutent les entreprises extérieures et "prestataires". La "filialisation" du secteur informatique, lequel regroupe plus de 3000 salariés (dont déjà 1500 prestataires) répartis sur différents sites Renault, fait partie de ce plan pour transformer une grande partie du personnel Renault en "prestataires". Les employés de Renault, qu'ils soient de l'informatique ou pas, ne peuvent accepter que la direction découpe ainsi l'entreprise et avec elle le personnel par pans entiers.