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Leur société
Hôpitaux publics : Le cri d'alarme des médecins hospitaliers
«Défendons notre service hospitalier»: c'est l'intitulé de l'appel lancé mardi 20 avril par 286 médecins.
Ils dénoncent: les délais, parfois de plusieurs mois, pour obtenir un rendez-vous pour une consultation à l'hôpital; l'attente de malades pendant des heures, voire des jours, sur des brancards dans les services d'urgence, faute de place dans les services; les allures de catastrophes prises par les épidémies de grippe et de bronchiolite, et les enfants, les nourrissons hospitalisés à des centaines de kilomètres de leur domicile, là encore faute de place; le nombre dramatiquement insuffisant de médecins, d'internes, d'infirmières.
Ils donnent des chiffres éloquents: 150000 lits hospitaliers fermés en vingt ans; 100 maternités fermées ces six dernières années, soit un sixième des maternités du pays; la pénurie de médecins; les 25600 candidats aux études de médecine pour une capacité d'accueil de 5600; la fermeture des écoles d'infirmières qui fait que, pour les 106791 candidats à cette profession, il n'y a que 26346 places.
Ils rappellent les 15000 morts de l'été dernier et que, si la canicule était imprévisible, l'incapacité des établissements de soins à y faire face était, elle, prévue, qu'ils en avaient alerté les gouvernements de gauche, puis de droite.
Ils accusent la politique d'économies des gouvernements successifs: «On nous demande d'économiser sur tout. Nous devons discuter pied à pied pour obtenir chaque médicament nouveau. Nous attendons des mois, parfois des années, les équipements modernes et les nouvelles techniques que la science met pourtant à la disposition de la médecine.»
Ils s'indignent de l'aberration de la politique des gouvernements, de gauche comme de droite, qui leur demandent de faire des économies: «N'est-il pas normal que les dépenses de santé augmentent, dans une société civilisée? Les progrès scientifiques et médicaux permettent de traiter des malades hier incurables. L'espérance de vie augmente de trois mois par an. Nous nous en réjouissons.»
Ils informent sur leur pratique quotidienne: «Nous sommes de plus en plus souvent placés dans la situation de ne plus pouvoir apporter à nos semblables les soins efficaces dont ils ont besoin. Il nous est demandé de trier parmi les patients ceux qui seront soignés selon les règles de l'art et ceux qui ne le seront pas.»
Ils mettent en garde contre la réforme de l'assurance-maladie du gouvernement et contre notamment le projet d'instauration d'un rapport «coût / efficacité» des actes médicaux: «On calculerait ainsi si tel ou tel soin est rentable pour la collectivité. En fonction de ces calculs, certains soins seraient remboursés, donc réalisables, mais d'autres soins ne le seraient pas. Dès lors ne pourraient en bénéficier que les malades assez fortunés pour se les payer.»
On ne peut qu'être d'accord avec le réquisitoire de ces médecins. La date à laquelle ils le publient n'est sans doute pas étrangère au succès obtenu, il y a quelques semaines à peine, par la mobilisation des chercheurs. Tant mieux s'ils profitent de l'impopularité actuelle du gouvernement pour se faire entendre. Tant mieux s'ils profitent de leur position de professeurs de médecine et de chefs de service hospitaliers pour rendre largement publique la misère actuelle des hôpitaux. Ils concluent par un appel à défendre «ensemble» le système hospitalier public. Pour aller jusqu'au bout, il leur faudra, demain, rejoindre le combat des infirmières, des aides-soignants, des sages-femmes et de tout le personnel hospitalier, quand ils se mobiliseront contre la politique criminelle de l'État en matière de santé.