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Dans les entreprises
Kiosques : La grève des kiosquiers parisiens
Mardi 11 mai, la plupart des 315 kiosques de presse étaient fermés pour cause de grève, sur les places et les boulevards de Paris. Les grévistes se sont retrouvés à plus de 200, place Colette près du Palais-Royal, pour revendiquer une augmentation de leur marge, la baisse des livraisons et protester contre la faiblesse des rémunérations, parmi les plus basses d'Europe.
Les kiosquiers voient en effet leurs revenus et leurs conditions de travail se dégrader au fil des années. Travailleurs indépendants, employant rarement un salarié, ils sont à la merci des gros groupes de l'édition et des messageries qui en dépendent. Leur commission (la "remise") sur les ventes est de 18,40%, alors qu'elle est de 30% dans les Relay H des gares et autour de 25% ailleurs en Europe.
Certains n'atteignent pas le smic. Ceux des kiosques bien situés peuvent gagner jusqu'à 2000 euros par mois. Mais tous fournissent douze à treize heures de travail journalier, six jours sur sept, sans eau ni toilettes, exposés au froid ou au chaud selon la saison, se levant aux petites heures et manipulant chaque jour des quintaux de papier imprimé, dans un espace exigu.
Ils n'ont pas le droit de refuser la marchandise et se retrouvent submergés par des centaines de titres de journaux, magazines, suppléments, numéros spéciaux, dérivés, petits formats, etc., que les éditeurs multiplient dans la concurrence qu'ils se font entre eux. Certains se vendent bien, et personne ne s'en plaint. Mais pour d'autres la quantité livrée est sans rapport avec la vente et les messageries n'ont cure des réclamations. Il faut alors remballer les invendus. Et il ne sert à rien de protester en cas d'erreur sur les retours: les messageries ont toujours raison.
C'est pourquoi, en plus d'une augmentation de leur marge, les kiosquiers revendiquent "la baisse des livraisons de marchandises invendables". Car les invendus représentent actuellement la moitié des exemplaires livrés.
Les mauvaises conditions de travail et les horaires inhumains, pour un revenu modeste et parfois insuffisant, font que le nombre des kiosquiers diminue. Soixante kiosques ont fermé ces trois dernières années, faute de repreneur. Ils ne sont plus que 315 ouverts, sur 380 au total à Paris. Le monde de l'édition et les pouvoirs publics connaissent le problème et parlent régulièrement de "faire quelque chose", mais rien ne vient. C'est pour tenter de faire bouger les choses que les deux syndicats de kiosquiers ont organisé la grève et le rassemblement du 11 mars.