Extraits de l'allocution d'Arlette Laguiller, dimanche 30 mai03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Leur société

Extraits de l'allocution d'Arlette Laguiller, dimanche 30 mai

Vive l'Europe fraternelle de demain, débarrassée de la dictature de la finance!

Dans les élections européennes qui viennent, l'UMP de Chirac-Raffarin et le Parti Socialiste n'ont pas de programmes vraiment différents pour l'Europe. L'une comme l'autre se contentent de justifier, avec plus ou moins de sauce autour, l'Union européenne telle qu'elle se constitue dans l'intérêt des grands groupes capitalistes. Les lignes de partage dans la phraséologie elle-même passent plus à l'intérieur de chacun des camps qu'entre la droite et la gauche gouvernementale. (...)

Dans ces élections européennes, voter pour les listes LO-LCR, c'est aussi affirmer que l'unification de l'Europe, la suppression des frontières, sont une nécessité de notre époque. Cette nécessité est affirmée par les communistes révolutionnaires depuis bientôt un siècle. L'économie, aujourd'hui, est mondiale. L'Europe elle-même est devenue une arène trop étroite pour les forces productives de l'humanité. Et, à plus forte raison, cette Union européenne qui ne regroupe qu'une partie de l'Europe.

Bien des problèmes de l'humanité, la pollution des mers et de l'atmosphère, ou même, simplement, la gestion rationnelle des grandes ressources énergétiques, ne peuvent être réglés qu'à l'échelle mondiale. Aussi tous ceux qui se cramponnent à des frontières datant de l'époque des calèches et de la bougie sont des réactionnaires. Ils le sont même et surtout lorsqu'ils présentent ces frontières comme une protection pour les travailleurs.

Le grand capital agit depuis longtemps à l'échelle internationale et enchaîne sous son emprise des travailleurs de différentes régions d'Europe et au-delà de l'Europe. Bien des trusts sont présents de la France à la Pologne ou à la Russie et, bien au-delà, en Chine, en Afrique, en Amérique latine. L'économie ne pourrait revenir en arrière sur cette évolution qu'au prix d'un effondrement catastrophique.

Alors, il ne s'agit pas de regarder en arrière mais d'aller de l'avant. Il ne s'agit pas de s'effrayer de l'Europe, mais d'opposer à leur Europe, à son grand patronat, à ses institutions, la force collective des travailleurs du continent, nés en Europe ou immigrés, mais tous réunis dans la conviction commune qu'ils constituent une seule classe ouvrière!

Pour le moment, les manifestations dites européennes sont le fait de directions et d'appareils syndicaux, avec les limites que cela implique. Mais ce n'est ni meilleur ni pire que ce qui se passe à l'échelle de chaque pays. Mais qu'explose un jour la colère ouvrière quelque part, et qu'elle explose vraiment, et les frontières ne devront plus constituer une barrière! Les grandes grèves ou les tremblements sociaux n'ont jamais été, même dans le passé, limités à un seul pays. Ils ont toujours été contagieux. Eh bien, tout ce qui, dans l'évolution actuelle, affaiblit les barrières qui séparent les peuples, va dans le sens des intérêts des travailleurs.

Leur Europe n'est pas celle des travailleurs, non pas parce que c'est l'Europe, mais parce que l'Europe, comme chacun des pays qui la composent, est dominée par le grand capital. En constituant l'Union européenne à travers des décennies de marchandages entre capitalistes, ils ne voulaient construire qu'une arène unifiée pour leurs marchandises et pour leurs capitaux.

La classe ouvrière peut faire en sorte que, bien malgré eux, ils aient aussi favorisé l'union des travailleurs de ce continent.

Nous les communistes révolutionnaires, nous sommes les seuls partisans d'une unification véritable et complète de l'Europe, d'un bout à l'autre du continent, sans frontières entre les peuples en dedans et sans barrières vers l'extérieur. Mais le combat pour cette Europe-là se confond avec le combat contre la dictature du grand capital sur la société et avec le combat pour une société égalitaire où les hommes, les femmes comme les peuples soient solidaires les uns des autres et organisent, consciemment et dans la fraternité, la production de biens utiles et gèrent en commun les ressources de la planète!

Alors, vive l'Europe fraternelle de demain, débarrassée de la dictature de la finance!

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