- Accueil
- Lutte ouvrière n°1872
- C'est maintenant et par la lutte qu'il faut nous défendre
Editorial
C'est maintenant et par la lutte qu'il faut nous défendre
Pour la deuxième fois, ceux des électeurs qui n'ont pas préféré s'abstenir se sont servis du Parti Socialiste pour dire ce qu'ils pensaient du gouvernement Chirac-Raffarin. Et cela bien que le Parti Socialiste ait largement prouvé, en cinq ans passés au gouvernement, il y a seulement deux ans, que, sur le fond, il ne faisait pas mieux que la droite.
Il l'avait fait différemment, avec plus d'hypocrisie, mais les fermetures d'entreprises, les délocalisations, les licenciements massifs, qui avaient commencé dès le début contre Renault Vilvorde et Michelin, ont émaillé les cinq ans de son gouvernement.
Les impôts des classes riches ont continué à être diminués, de nombreux médicaments à être déremboursés, le forfait journalier à l'hôpital a continué d'augmenter et, si le nombre de chômeurs s'est stabilisé, un peu, la situation de ceux-ci s'est continuellement aggravée.
Le gouvernement Jospin ne s'en est pas pris directement aux retraites mais le gouvernement Raffarin a appliqué le plan préparé par un socialiste.
Et quand, aux présidentielles, Jospin a été désavoué par son propre électorat, tout ce que le Parti Socialiste a fait a été d'agiter la peur de Le Pen pour nous demander de voter Chirac. L'électorat a suivi et s'est servi de Chirac pour taper sur Le Pen qui, de toute façon, ne pouvait pas être élu car rien que les véritables électeurs de Chirac suffisaient pour cela. Personne n'a dit alors aux électeurs ce qui les attendait avec Chirac et sa majorité. Résultat, l'électorat manipulé, désorienté, a plébiscité pour les cinq ans à venir un homme qui a le pouvoir de tout se permettre contre les travailleurs.
Et en fait, depuis deux ans, c'est la politique de la droite, son cynisme, ses mesures antiouvrières, qui ont fait la campagne électorale du Parti Socialiste, en servant de repoussoir.
L'électorat qui s'était servi de Chirac contre Le Pen se sert maintenant de la première trique venue, le Parti Socialiste, contre Chirac et Raffarin.
Mais si le Parti Socialiste revient au pouvoir, accompagné du Parti Communiste et des Verts comme précédemment, il mènera à nouveau la même politique et nous verrons, à nouveau, des délocalisations, des plans sociaux, des licenciements, du chômage, des indemnités réduites pour les chômeurs, des retraites amputées car, bien entendu, un gouvernement socialiste ne reviendra pas sur ces mesures de la droite. Il ne rétablira pas l'impôt sur les bénéfices des entreprises au niveau antérieur, il n'obligera pas le patronat à augmenter ses cotisations à la Sécurité sociale proportionnellement à l'augmentation des cotisations des salariés.
Nous ne pouvons donc pas compter sur les élections à venir, ni les attendre, pour améliorer la situation des travailleurs. Nous devons dès maintenant faire reculer l'actuel gouvernement. Et le faire reculer sans attendre trois ans, cela veut dire des grèves autres que corporatistes, autres que le dos au mur, c'est-à-dire des luttes offensives.
Alors, mais alors seulement, ceux qui voudront voter à gauche dans trois ans le feront en étant en situation de force et sans avoir reculé socialement jusqu'à ne plus avoir les moyens de se battre.
Les directions syndicales ne sont pas vraiment dans le camp des travailleurs. Quand elles appellent à la lutte c'est pour imposer une séance de parlote avec un ministre.
L'extrême gauche, dans ces élections, a été loin de retrouver son électorat du premier tour des présidentielles. Elle a même reculé par rapport aux régionales. Mais les militants de Lutte Ouvrière ne cesseront pas pour autant leur combat pour amener les travailleurs à s'organiser, afin de pouvoir imposer aux syndicats une véritable politique de défense du monde du travail.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 14 juin 2004