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- Lutte ouvrière n°1872
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Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13e) : Des conditions de travail inacceptables
Les économies qui frappent les hôpitaux touchent tous les services, même les plus prestigieux. Ainsi en est-il du service de chirurgie orthopédique de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, dont la renommée est mondiale: y ont été opérés, entre autres, Ronaldo, star brésilienne du football international, et Michaël Schumacher, champion du monde automobile de formule1. La presse vient de se faire l'écho la semaine dernière de la situation insupportable qui règne dans ce service.
Les infirmières du bloc opératoire (IBODE) du service d'orthopédie ont en effet des conditions de travail infernales et ce depuis plusieurs mois. À quatre au lieu de douze, elles doivent assurer le travail en salle d'opération, les commandes de matériel et de prothèses, et composer les boîtes d'instruments à stériliser (une boîte spécifique à chaque opération). De plus, en l'absence de chefs, elles ont tout le travail administratif à faire. Là-dessus se sont ajoutées ces dernières semaines la pression supplémentaire due aux travaux en cours dans tout le secteur des blocs et surtout l'effervescence causée par la visite d'experts venus vérifier la conformité des différents services de l'hôpital à des normes officielles -ce qu'on appelle l'accréditation.
Aussi un avis de "danger grave et imminent" a été déposé par les syndicats, demandant la fermeture des blocs d'orthopédie pour quelques jours, afin de pouvoir régler les problèmes les plus urgents.
Dès le mardi 8 juin, le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) votait, à l'unanimité des délégués syndicaux, la fermeture provisoire des blocs d'orthopédie, mais la direction, en accord avec les médecins, décidait d'aller contre cet avis. Elle décidait de tourner à deux blocs au lieu de trois, et uniquement le matin, de 8h à 14h. En fait, rien n'était réglé et le jeudi suivant les collègues intervenaient auprès de la direction avec le CHSCT pour dénoncer tous les problèmes: du sable que, pendant les travaux, il faut enlever des sabots que chausse le personnel du bloc, à l'ouverture de plusieurs boîtes d'instruments avant de trouver la bonne, en passant par le ménage fait à la va-vite entre deux opérations, par manque de temps.
Mais la direction n'avait qu'une chose en tête: ne pas fermer l'ensemble du bloc. Sans nier vraiment les problèmes, elle a déclaré s'en occuper. Des cadres ont été dépêchées dans le service mais... pour préparer la visite des experts de l'accréditation. Quant à l'activité du service, elle a effectivement baissé et, comme il y a moins de patients hospitalisés, il est même question de fermer une des salles d'hospitalisation plus tôt que prévu.
Ce qui est révoltant, dans cette situation où tout se dégrade peu à peu, et ce qui a choqué tout le monde, c'est que la direction renvoie aux collègues la responsabilité de tout ce qui ne va pas. Elle est même virulente et les accuse de mal travailler, de ne pas respecter les procédures. La réalité, c'est que les collègues font ce qu'elles peuvent dans de pénibles conditions de travail depuis des mois, sans que la direction ait bougé le petit doigt.
Même les médecins-chefs ne veulent pas voir les problèmes du personnel et ne se sentent pas concernés. Ils sont solidaires de la direction. La seule chose qui les fait réagir, ce sont les articles parus dans la presse et qui portent tort à l'image du service.
L'attitude odieuse de la direction, qui consiste à rendre les personnels responsables de ce que eux, justement, dénoncent depuis des mois, a écoeuré tout le monde. Les collègues ont dit à la directrice de l'hôpital que désormais elles n'assureraient plus que le minimum. Et elles ont fait clairement entendre qu'elles refusaient de porter le chapeau!