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Leur société
Logement social : Paroles... paroles
Récemment Jean-Louis Borloo, ministre dit de la Cohésion sociale, n'a pas lésiné -une nouvelle fois- sur les promesses en matière de logement social, annonçant la construction en cinq ans d'au moins 600000 logements de ce type. Ce ne serait pas de trop, c'est certain. Seulement voilà, la réalité s'annonce beaucoup plus modeste... et surtout beaucoup moins sociale.
Borloo parle de la réhabilitation de 100000 logements HLM supplémentaires sur cinq ans. Mais réhabiliter n'est pas construire du nouveau. Et puis, "supplémentaires" par rapport à quoi? Pour l'instant, la situation générale des HLM reste plus marquée par la dégradation que par les réhabilitations. Le ministre évoque aussi la mise en chantier de 10000 logements en 2004, "supplémentaires" eux aussi, et surtout insiste sur les moyens mis en oeuvre pour inciter les riches à investir dans le logement social, en leur offrant des crédits particulièrement intéressants.
Comme tous ses prédécesseurs, Borloo veut "mobiliser le parc locatif privé", c'est-à-dire là encore encourager les propriétaires à louer à des prix qui soient attrayants... pour eux, évidemment. Et tant pis pour les locataires. Enfin, Borloo déclare favoriser "l'accession sociale à la propriété", vieille idée qui revient régulièrement dans la bouche des gouvernants. Avec son compère Gilles de Robien, qui expliquait en mars dernier qu'il allait vendre aux ménages modestes au moins 40000 logements HLM chaque année, il ne manque pas d'aplomb. Car pour vendre, encore faut-il qu'il y ait des acheteurs qui puissent acheter, ce qui n'est pas forcément le cas parmi les ménages dits modestes. Et puis, ces ménages populaires qui paient leur loyer depuis des années, voire des décennies, pourquoi devraient-ils payer encore pour être déclarés propriétaires?
Résoudre le problème du logement de tant de familles populaires n'est pas dans les préoccupations des ministres. Le manque de logements corrects et bon marché reste toujours aussi criant. Depuis des années, il y a toujours environ trois millions de mal-logés et un million de dossiers de demandes de logements sociaux en attente. Les expulsions de ceux qui ne peuvent plus payer les loyers ne diminuent pas, tandis que les loyers continuent de flamber.
Alors, les propos d'un Borloo seront peut-être bien accueillis par les riches, qui voient dans l'immobilier, social ou pas, une source de profit, mais ils n'annoncent que du bluff pour toutes les familles qui ont un petit budget mais qui ont aussi, tout autant que n'importe quel riche, besoin de se loger correctement.