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Dans les entreprises
STMicroelectronics-Rennes : Déménagement houleux
La direction de STMicroelectronics ne renonce pas à la liquidation de l'usine de Rennes. Jeudi 10 juin, elle a déménagé les premières machines.Mais il a fallu compter avec l'opposition des travailleurs de l'usine, et c'est avec l'aide des gardes mobiles que l'évacuation s'est faite.
Ceux-ci sont intervenus vers 5h30 du matin et sont entrés dans l'usine. Les salariés qui montaient la garde sous la tente, à l'entrée, ont pu prévenir par téléphone d'autres salariés et des militants qui avaient laissé un moyen de les contacter. À partir de 8h, une bonne centaine de personnes se sont rassemblées devant les entrées. Leur nombre a grossi au point que, quand les camions ont voulu sortir, vers 10 h 30, ils se sont heurtés à l'hostilité des présents.
Les gardes mobiles ont alors dégagé une entrée à coups de gaz lacrymogène et ont repoussé les manifestants pour permettre aux camions d'avancer. Il y a eu alors, sur plus de 500 mètres dans la ville, une sorte de bataille de rues. Les travailleurs cherchaient à bloquer les camions en abandonnant leurs voitures au milieu de la chaussée des rues du quartier. C'est mètre par mètre que le convoi a progressé, à coups de charges de la police et à grand renfort de gaz lacrymogène. Tout ce qui pouvait retarder les camions et les gardes mobiles était jeté sur la chaussée par les manifestants et dégagé, étape par étape, par les gardes mobiles.
Des cailloux ont été lancés contre les camions et deux pare-brise ont été cassés. Le convoi progressant quand même sous la pression policière et les gaz, des salariés se sont couchés sur la chaussée et ont été traînés sur les trottoirs. Pour finir, le convoi a pu sortir de la ville et rejoindre la rocade, escorté par les motards et des camions de la police. Ensuite une centaine de manifestants se sont encore rendus à la préfecture pour protester.
Tous ceux qui ont assisté à ce qui se passait ont pu voir la police escorter et appuyer l'offensive des patrons contre les salariés. L'intervention policière au service d'un patron licencieur et la résistance des salariés ont entraîné une réelle émotion et beaucoup de sympathie dans ce quartier populaire de la ville et chez ceux qui ont vu les images à la télévision.
Pour se justifier, la préfète dit qu'elle n'a rien fait d'autre qu'envoyer la police à STM pour faire exécuter une décision de justice. Mais en l'occurrence, sa justice est là pour satisfaire les calculs cyniques des financiers et pour jeter à la rue des centaines de travailleurs.
La bataille n'est pas terminée. Elle continue sur les deux plans où les salariés l'ont menée depuis l'annonce des licenciements. Sur le plan juridique, ils contestent la validité des licenciements, qualifiés de licenciements boursiers. Le lendemain des affrontements, vendredi 11 juin, ils étaient une cinquantaine à se retrouver devant le tribunal de Nanterre.
Le combat continue aussi sur le terrain, pour contrecarrer les prochaines manoeuvres de STM et pour défendre leur emploi.
Samedi 12 juin, une manifestation a rassemblé un millier de personnes pour protester contre l'intervention policière et, bien sûr, contre la fermeture de cette usine par ce groupe florissant qui jette à la rue 600 salariés pour accroître encore ses profits.
Les travailleurs de STM et ceux qui les ont soutenus sont fiers de la résistance qu'ils ont opposée à ce mauvais coup, même si les patrons ont réussi à sortir quelques machines. Ils sont conscients que s'opposer aux mauvais coups du patronat, c'est défendre sa dignité. C'est aussi préparer les luttes qui aient assez d'ampleur pour réussir à faire que la peur change de camp.