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Dans le monde
Tiers Monde : Dix millions d'esclaves domestiques
Dans le cadre de la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin, le Bureau international du travail (BIT) vient de publier un rapport sur ce qu'il appelle pudiquement le travail domestique des enfants dans le Tiers Monde, mais qui est en fait une forme d'esclavage pour des enfants contraints par la misère d'aller chercher en ville de maigres revenus -et encore quand ils sont payés. Le BIT avance le chiffre de dix millions d'enfants bons à tout faire, ou plutôt bonnes à tout faire car les petites filles seraient les plus nombreuses.
Cet esclavage moderne n'épargne aucun pays pauvre: l'Afrique (ils seraient deux millions en Afrique du Sud et 200000 au Kenya) mais aussi l'Asie (700000 en Indonésie, 300000 au Bangladesh et 265000 au Pakistan) ou l'Amérique (560000 au Brésil et 265000 en Haïti). Et ce sont de très jeunes enfants qui en sont les victimes. Au Maroc 70% d'entre eux ont moins de 12 ans et au Venezuela 60% d'entre eux ont moins de 14 ans.
S'il existe des esclaves modernes, il y a aussi des négriers modernes responsables et bénéficiaires d'un véritable trafic entre les campagnes et les villes. Ainsi le journal Libération raconte comment, en Afrique du Sud, une prétendue agence appelée Excellent Domestics recrutait des jeunes filles noires à la campagne en leur faisant miroiter un travail en ville. Cette agence fut fermée en mars 2004 à la suite de la découverte de 21 jeunes filles entassées dans un garage avec un seul matelas pour dormir et interdiction de sortir sans permission de l'agence...
Ce n'est pas la première fois que des organismes internationaux comme le BIT dénoncent le sort fait aux enfants et plus généralement à la population des pays pauvres, et publient des rapports accablants. Ainsi en 2002, lors de la première journée mondiale contre le travail des enfants, l'Organisation internationale du travail (OIT qui dépend de l'ONU) avait donné le chiffre de 246 millions d'enfants, âgés de 5 à 17 ans, exploités dans les usines, les champs ou les bordels, l'immense majorité (179 millions) de ces enfants accomplissant des tâches dangereuses mettant leur vie en péril.
Si le BIT ou d'autres organismes internationaux liés ou non à l'ONU ou à des ONG savent dénoncer, à juste titre bien sûr, la faim ou la pauvreté dans le monde, force est de constater que leurs rapports ne changent rien à la réalité. Ils l'admettent d'ailleurs eux-mêmes puisque le BIT écrit: "Dans de nombreuses régions du monde, les écarts se creusent non seulement entre les pauvres et les riches, mais aussi entre les pauvres et les moins pauvres". Mais leur dénonciation ne va pas au-delà de ce constat et le BIT se contente de conclure: "C'est une tâche extrêmement difficile que de s'attaquer au travail domestique des enfants, un domaine où presque tout reste à faire".
Oui c'est une tâche difficile, où presque tout reste à faire mais pour cela il faut au moins dénoncer les véritables responsables que ces organismes internationaux connaissent bien. Si les enfants du Tiers Monde sont transformés en esclaves domestiques, si l'Afrique meurt du SIDA ou de la famine, si le fossé se creuse entre ce que les capitalistes appellent hypocritement le Nord et le Sud, c'est parce que le système économique en vigueur saigne les pays pauvres. Le système capitaliste, né en Europe il y a près de trois siècles, s'était bâti, déjà, sur l'exploitation d'une multitude d'enfants contraints, dès leur plus jeune âge, d'aller travailler dans les filatures ou les mines. Il n'aura fait depuis qu'étendre sa domination et ses méthodes.