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Editorial
Stopper leur offensive
Le gouvernement a beau avoir été désavoué aux élections régionales comme aux élections européennes, il continue ses attaques contre le monde du travail comme si de rien n'était. Ainsi cette semaine il soumettait successivement à l'Assemblée sa "réforme" de l'assurance-maladie, puis le changement de statut d'EDF-GDF et, enfin, un plan au nom passablement cynique de "cohésion sociale".
Les députés se préparaient donc à voter cette réforme de l'assurance-maladie qui consiste à faire payer aux malades et aux retraités le déficit dû au fait que le patronat ne paie pas ce qu'il doit.
Les mesures proposées n'étaient même pas encore votées qu'une note du ministère de l'Économie indiquait que la "réforme" de l'assurance-maladie ne résorbera pas le déficit. Cette note du ministère de Sarkozy comme le démenti du ministère de Douste-Blazy se placent certes dans le cadre de la petite guerre que se mènent les clans de la majorité. Mais son contenu est clair. D'autres mesures suivront: l'euro à verser à chaque consultation passera à deux euros ou plus, le forfait hospitalier sera encore augmenté et d'autres médicaments seront déremboursés. L'assuré devra payer plus pour être moins couvert.
On incitera ceux qui en ont les moyens à compléter l'assurance-maladie par des mutuelles ou à s'adresser à des assurances privées. Et ceux qui n'en ont pas les moyens, tant pis pour eux!
Quant au changement de statut d'EDF-GDF qui devait être voté cette semaine, il constitue le premier pas vers la privatisation. Quelques groupes privés auront désormais la possibilité de mettre la main sur les bénéfices d'EDF-GDF. Mais, pour la masse des usagers, cela se traduira par une augmentation des tarifs. Quant aux travailleurs du secteur, ils ont toutes les raisons de craindre des réductions d'effectifs et des attaques contre leur système de retraite.
Par ailleurs, le secrétaire d'État au Budget annonce que 17000 emplois seront supprimés dans le secteur public: autant d'emplois en moins pour les jeunes.
Et ce n'est certainement pas le plan Borloo, dit de "cohésion sociale", qui soulagera la pauvreté aggravée qui découle des décisions précédentes. Ce plan prétend notamment enrayer les expulsions de locataires de logements privés. Mais il consiste surtout à venir en aide aux logeurs, en mettant à la charge de l'État les impayés de ceux qui, du fait d'une perte d'emploi ou d'une maladie, sont dans l'incapacité de payer leur loyer.
Cela résoudra peut-être quelques milliers de cas mais sera loin d'éviter toutes les expulsions et n'assurera pas un logement correct aux trois millions de personnes qui en manquent dans ce pays.
Ce que les différentes mesures du gouvernement ont en commun, c'est qu'elles frappent toutes les classes populaires, et souvent les plus démunis.
Le PS dans l'opposition critique ces mesures. Mais il admet la nécessité de "réformer" l'assurance-maladie alors que la seule réforme nécessaire est de faire payer au patronat ce qu'il doit!
Quant à l'ouverture d'EDF-GDF aux capitaux privés, comment croire les critiques du PS, alors que le gouvernement Jospin en a fait autant à France Télécom et à Air France, et avec la même hypocrisie pour éviter le mot "privatisation"?
Surtout, le PS ne propose pas d'annuler la "réforme" de l'assurance-maladie ou la privatisation d'EDF-GDF au cas où il reviendrait au pouvoir dans trois ans, pas plus qu'il ne propose de revenir sur aucune des mesures réactionnaires du gouvernement.
Si le monde du travail ne veut pas voir ses conditions d'existence démolies au fil des ans, il faut stopper ces attaques du gouvernement qui s'ajoutent à celles du grand patronat. Mais il ne peut compter que sur sa propre force, dans une lutte commune, pas corporatiste, visant aussi bien l'interdiction des licenciements que le rattrapage du pouvoir d'achat, aussi bien les suppressions de toutes les mesures contre les retraites, contre l'assurance-maladie, que l'annulation des privatisations et le rétablissement des services publics.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 28 juin 2004