Une disposition, votée en catimini dans la loi réformant l'assurance-maladie, est proprement scandaleuse: elle fait prendre en charge par la Caisse d'assurance-maladie le surcoût des primes d'assurance professionnelle des médecins, surcoût décidé par les compagnies d'assurances privées.

Les chirurgiens libéraux, à l'occasion de la préparation de leur "exil symbolique" à Wembley, en Angleterre, pour la première semaine de septembre, ont tiré le signal d'alarme, concernant leur situation personnelle.

Entre autres griefs et revendications, ceux-ci ont dénoncé l'explosion de leur prime d'assurance (la RCP - Responsabilité civile professionnelle). En effet, celle-ci a été multipliée par 10 en l'espace d'une dizaine d'années, passant de 1500 euros en 1993 à 16600 euros en 2003. En effet, les grandes compagnies d'assurances, Axa en premier lieu, prétextant une augmentation "possible" des poursuites judiciaires à l'encontre des chirurgiens, des obstétriciens et autres médecins risquant d'être poursuivis par leurs patients, ont augmenté ces dernières années de manière éhontée les tarifs des assurances professionnelles de ces médecins. L'augmentation des poursuites judiciaires est restée virtuelle, l'augmentation des primes a été réelle. Des "négociations" entre les assureurs et les médecins ont eu lieu fin 2003, sous la tutelle des ministères de la Santé et des Finances, et se sont terminées par... la victoire des assureurs.

Et reprenant la promesse de Mattei, son prédécesseur au ministère de la Santé, Douste-Blazy a introduit dans la récente loi sur l'assurance-maladie un dispositif qui permet d'aider les médecins à payer leurs primes d'assurances... avec l'argent de la Sécu. En effet, tout ou partie de l'augmentation des primes d'assurances des médecins exerçant en établissements de santé, publics ou privés, seront prises en charge... par l'assurance-maladie!

Encore une fois, voilà un exemple de détournement de fonds, -150 millions d'euros seront dépensés la première année!-, d'utilisation frauduleuse de l'argent des assurés sociaux, d'aggravation délibérée du prétendu déficit de la Sécu, pour le seul profit d'Axa et compagnie, de l'aplatissement de l'État devant ces requins refusant de les contraindre, ne serait-ce qu'un peu, à restreindre leur appétit.