Ce n'est pas seulement en tant qu'amateur de sumo, cette sorte de match de catch qui est une spécialité nippone et qui met aux prises d'adipeux et volumineux combattants, que Chirac s'est rendu une nouvelle fois au Japon. C'est surtout en tant que voyageur de commerce. Qu'il s'agisse de promouvoir le choix du site français de Cadarache pour le projet mondial de réacteur à fusion nucléaire, de défendre la vente d'armes à la Chine, ou encore de vanter les qualités du Nouvel Airbus A330, il a fait montre de ses réels talents de roi des camelots.

Qu'on en juge. Répondant à une question générale sur le tourisme, il s'est fendu d'un discours droit sorti d'un dépliant publicitaire: "Le Japon, probablement le plus beau pays du monde, souffre de son éloignement de la plupart des grands pays", a t-il dit. Triste situation, mais notre charlatan en chef a su proposer illico le remède. "Il y a une solution", s'est-il empressé d'ajouter, et cette solution, c'est d'acheter les A330, "un avion qui transportera un très grand nombre de passagers dans des conditions particulièrement sûres, moins polluantes que le reste des avions, plus confortables et moins chères" a-t-il renchéri. C'est donc, a conclu Chirac, "le moyen de transport que le Japon devrait acquérir pour faciliter et rendre plus dynamique sa politique touristique". L'histoire ne dit pas encore s'il en offrait treize à la douzaine.

On jugera plus tard, au nombre d'A 330 vendus aux Japonais au détriment des Boeing, de l'efficacité de ce représentant, pas le nôtre mais celui des industriels et des affairistes français et européens.

Mais pour exercer un tel métier, est-il besoin de le faire élire? Une petite annonce suffirait amplement!

Et puis, pourquoi mettre à sa disposition, aux frais de l'État, un somptueux appartement de fonction à l'Élysée? D'autant que, à ce qu'on sache, il n'a pas une nombreuse famille à loger.