Société Norbert Dentressangle : La directive Bolkestein appliquée... avant d’être adoptée06/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1918.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Société Norbert Dentressangle : La directive Bolkestein appliquée... avant d’être adoptée

Des salariés de la société de transport et de logistique Norbert Dentressangle ont manifesté mardi 2 mai devant le siège social de l'entreprise, près de Saint-Vallier, dans la Drôme. Ils protestaient contre l'embauche de chauffeurs routiers originaires de pays d'Europe de l'Est (Pologne, République tchèque, Hongrie ou Roumanie) à des salaires cinq fois inférieurs à ceux versés aux salariés français: 300 euros pour 21 jours de travail non-stop -la loi obligeant l'employeur à les envoyer se reposer chez eux après cette durée.

Ainsi, comme d'autres patrons avant lui, Norbert Dentressangle n'a pas eu besoin que soit votée la directive Bolskestein pour l'appliquer. Il lui a suffi d'ouvrir des agences dans différents pays d'Europe de l'Est et d'embaucher sur place en appliquant la législation en vigueur dans ces pays, y compris sur le plan salarial.

Pour Norbert Dentressangle, cette embauche va «constituer une opportunité de croissance supplémentaire pour le groupe». Pourtant, les affaires marchent bien pour lui. En 2004, son chiffre d'affaires, de 1,3 milliard d'euros, a progressé de 6,7%, et le bénéfice net de 33%. Mais cela ne lui suffit pas, il veut toujours rogner sur les salaires: immédiatement, en sous-payant les routiers originaires d'Europe de l'Est, mais aussi en les mettant en concurrence avec leurs collègues français, pour faire pression sur ces derniers afin d'éviter toute revendication.

Seulement, à ce jeu, il risque un retour de manivelle. Car les chauffeurs d'Europe de l'Est vont très vite s'apercevoir qu'avec 300 euros par mois, ils n'iront pas loin, surtout s'ils circulent en France, en Allemagne, ou dans n'importe quel autre pays d'Europe de l'Ouest. Ils pourraient alors se mettre à revendiquer et, s'ils trouvent l'appui de leurs collègues français, ce sont les salaires de tous que Norbert Dentressangle pourrait bien être obligé d'augmenter.

Partager