Maisons-Alfort (Val-de-Marne) : Des locatairesse mobilisent10/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1923.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Maisons-Alfort (Val-de-Marne) : Des locatairesse mobilisent

Depuis plus d'un mois, dans la cité HLM Louis-Pergaud à Maisons-Alfort, les 210 locataires ont engagé un bras de fer avec leur bailleur, la société privée La Lutèce, filiale du groupe OCIL.

Depuis plusieurs années, les habitants, aux revenus très faibles pour la plupart, subissent des hausses de loyer et de charges insupportables: 13% d'augmentation des loyers en trois ans avec des charges qui explosent. Des locataires gagnant 750 euros payent 500 euros par mois pour un logement souvent vétuste. Car si La Lutèce encaisse chaque mois des loyers en augmentation, elle laisse les bâtiments et les appartements à l'abandon: le système de chauffage est défectueux et de nombreux logements ont été privés de chauffage cet hiver. Des robinets d'eau chaude coule bien souvent de l'eau tiède ou froide. Des pièces, des placards, moisissent en raison des infiltrations d'eau dans les murs extérieurs, quand ce ne sont pas les dégâts des eaux provoqués par les fuites dans les canalisations générales. Les ascenseurs restent souvent en panne des jours entiers, obligeant à monter huit étages à pied. Les antennes collectives sont défaillantes et les habitants souvent privés de télévision. Cette cité, agréable après sa construction, il y a 25 ans, se dégrade à toute vitesse. De plus, quand on appelle La Lutèce au téléphone, il faut souvent patienter... en payant 12 centimes d'euros la minute. Alors le ras-le-bol des locataires s'est exprimé.

Le 19 avril dernier, des locataires ont décidé d'appeler à une assemblée de tous les habitants. Ce soir-là, les 90 locataires présents ont voté entre autres les revendications d'arrêt des hausses de loyers et de charges; la réparation immédiate de l'eau chaude, du chauffage, des ascenseurs. Ils ont également décidé d'organiser une rencontre avec La Lutèce, de contacter la presse et de constituer un comité de 40 locataires.

Depuis, ce comité s'est réuni chaque semaine et chacun a mis la main à la pâte pour faire les tracts ou des comptes-rendus, distribués dans leur bâtiment, sur les marchés de Maisons-Alfort, au métro, dans les cités voisines. Cette pression a permis d'obtenir une rencontre avec La Lutèce, près de la cité.

Le 1erjuin, 86 locataires étaient présents. Les représentants de La Lutèce avaient choisi d'adopter un langage ferme et méprisant. Mal leur a en a pris. Concernant les loyers, ils ont tout d'abord confirmé que La Lutèce avait décidé d'aligner le plus rapidement possible tous les loyers vers le haut, sur les plafonds de la convention. Ensuite, ils ont annoncé pour juillet 2005 une deuxième hausse de 2,5%. Cela a été le tollé. À propos de la dégradation des immeubles et des appartements, ils ont tenté de minimiser ou d'en rejeter la faute sur les locataires. Mais de nombreux habitants les ont mis face à leurs responsabilités.

La réunion a duré 3h30. Elle s'est terminée dans la colère quand, après avoir répondu par la négative ou de vagues promesses à toutes les revendications des locataires, les représentants de La Lutèce ont confirmé qu'ils demandaient au gardien d'arracher les affiches et les informations du comité car il s'agirait d'un "affichage sauvage".

Ils espéraient sans doute par leur attitude méprisante démoraliser les locataires. C'est l'inverse qui s'est produit. Les locataires savent que s'ils ne contraignent pas La Lutèce à annuler ses augmentations de loyer, demain les commandements à payer et les expulsions arriveront. Il est donc à l'ordre du jour et dans toutes les têtes de faire passer la mobilisation deux crans au-dessus.

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