Rapport de la Cimade sur les centres de rétention : Un constat accablant07/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1927.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport de la Cimade sur les centres de rétention : Un constat accablant

Le mercredi 29 juin dernier, la Cimade, association humanitaire d'obédience protestante, a rendu public son rapport annuel sur les centres de rétention administrative (CRA) pour les étrangers en situation irrégulière.

Seule organisation autorisée à intervenir dans la quasi-totalité de la vingtaine de CRA en France, la Cimade y dénonce les effets de la loi de novembre 2003 -notamment le passage de 12 à 32 jours de la durée maximale de rétention ainsi que les conséquences de la «politique du chiffre» menée par de Villepin et Sarkozy, qui se sont succédé au ministère de l'Intérieur depuis 2002. Alors que de Villepin avait fixé l'objectif de 20000 reconduites à la frontière de personnes en situation irrégulière, Sarkozy, de retour au ministère de l'Intérieur, l'a élevé à 23000, soit 8000 de plus qu'en 2004.

La mise en oeuvre pratique de cette politique se révèle dramatique pour les immigrés en situation irrégulière: depuis les opérations spectaculaires et les arrestations massives dans certains quartiers jusqu'à l'entassement dans les centres de rétention, sans compter la surcharge de travail qui entraîne l'examen superficiel et expéditif des situations individuelles et donc forcément des erreurs. «Les locaux sont pleins à craquer, la violence permanente, les conditions de vie absolument indignes» dénonce le secrétaire général de la Cimade.

Le ministère de l'Intérieur s'était engagé début 2004 à limiter les centres à 100 places au maximum. Mais le décret d'application du 30 mai dernier prévoit des centres de 140 places. Cela ne peut qu'aggraver les conditions de vie et accentuer la déshumanisation de ces lieux. Au point que les responsables de l'association s'interrogent: «Faut-il encore parler de rétention ou n'est-il pas temps de dire clairement que nous assistons à l'apparition de véritables camps?»

Ce même décret en date du 30 mai prévoit également la création de centres destinés à recevoir des familles. Cela veut dire que le nombre d'enfants placés en rétention va augmenter.

Même si le ministère de l'Intérieur promet d'investir une somme de 76 millions d'euros -dont 45 millions en 2005- pour augmenter les capacités d'accueil dans les CRA, les conditions de vie des personnes détenues ne risquent pas de s'améliorer dans les mois à venir puisque, toujours d'après le même décret, la mise aux normes des lieux de rétention est reportée de deux ans supplémentaires.

Enfin une nouvelle disposition oblige les demandeurs d'asile placés en CRA à payer eux-mêmes les interprètes dont ils ont besoin pour rédiger en français leur demande et remplir le formulaire de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) ce qui revient à interdire les demandes d'asile aux non francophones.

Violences, mépris, humiliations, dénis de justice, telles sont les faveurs que réserve la soi-disant patrie des droits de l'homme aux immigrés en situation irrégulière.

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