De nouveaux médicaments "déremboursés" ?15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De nouveaux médicaments "déremboursés" ?

Comme chaque année à la même époque, le rapport de la Caisse nationale d'assurance maladie, la Cnam, est tombé. Il fait état, pour l'année 2004, d'une augmentation importante du coût des remboursements des médicaments par l'assurance maladie. Alors, comme chaque année, le gouvernement s'apprête à appliquer le même remède... dérembourser des médicaments, c'est-à-dire faire payer les patients.

En 2004, 1,8 milliard de boîtes de médicaments remboursables ont été vendues en pharmacie. C'est 0,1% de moins qu'en 2003. Il n'empêche que, pour l'assurance maladie, la facture a augmenté de 6% et est ainsi passée à 17,5 milliards d'euros. La rallonge est essentiellement liée au fait que les médicaments dits "nouveaux" sont vendus par l'industrie pharmaceutique à des prix de plus en plus élevés. Ainsi, si les spécialités pharmaceutiques à plus de 15 euros la boîte représentaient 40% des dépenses de l'assurance maladie en 2000, quatre ans plus tard, elles ont représenté... 63% de ces dépenses!

La logique élémentaire voudrait qu'on impose aux laboratoires de baisser leurs prix, quitte à écorner leurs profits mirifiques. Eh bien non, c'est le déremboursement des médicaments dits "de confort" qui est à l'ordre du jour. Deux cent vingt et un produits pharmaceutiques sont dans le collimateur, dont les veinotoniques, les fluidifiants bronchiques ou encore des collyres et des pommades.

On nous dit que ces produits présenteraient un "service médical insuffisant", c'est-à-dire qu'ils n'auraient pas réellement fait la preuve de leur efficacité ou qu'ils soigneraient les symptômes du mal et pas le mal lui-même. Mais alors, il faut savoir. Soit ces médicaments que les pouvoirs publics se proposent de dérembourser améliorent la vie des malades et il n'y a aucune raison de les réserver, demain, uniquement à ceux qui auront les moyens de les payer sans être remboursés; soit ils sont totalement inefficaces et cela signifie alors que, depuis des dizaines d'années, consciemment, la Sécurité sociale engraisse des laboratoires qui vendent de la poudre de perlimpinpin.

Les veinotoniques, entre autres, ont fait la fortune des laboratoires qui les commercialisent. Le Daflon, par exemple, est classé par la Cnam, pour l'année 2004, au neuvième rang des produits les plus prescrits en quantité, il s'en est vendu plus de onze millions trois cent mille boîtes! Et on ne peut pas dire que ce sont les efforts de recherche qui ont coûté au laboratoire propriétaire: le Daflon a trente-quatre ans d'existence et cela fait bien longtemps qu'il est amorti!

Les laboratoires qui ont fait leur fortune sur ce type de produits pleurnichent. Ils mettent en garde contre les milliers de licenciements qu'un tel déremboursement pourrait entraîner. Quel culot quand on sait que, à l'occasion des déremboursements de spécialités "de confort" qui ont eu lieu ces dernières années, ils en ont profité pour faire de la publicité auprès du public - ce qui est interdit pour les médicaments remboursés- et ainsi augmenter leur volume de vente, quand ce n'était pas le prix de ces produits.

Sous prétexte de "maîtrise des dépenses de santé" afin de combler le prétendu trou de la Sécurité sociale, c'est Martine Aubry qui, en 1999, avait lancé l'opération qui a abouti aux déremboursements de médicaments. C'est elle qui avait demandé la réévaluation de certains médicaments remboursés par la Sécurité sociale. Mais les aléas électoraux ont fait qu'elle n'a pas terminé la besogne. C'est la droite qui a continué en faisant passer, en avril 2003, le remboursement de 617 spécialités de 65 à 35% et en déremboursant totalement 82 autres médicaments. C'est sans doute cela "l'alternance"!

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