RTM(Régie des Transports Marseillais) : Les grévistes défendent un service public vital28/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1943.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RTM(Régie des Transports Marseillais) : Les grévistes défendent un service public vital

Depuis le 5 octobre, la grève est reconduite par l'assemblée générale de chaque dépôt. Les chauffeurs de bus, à plus de 90%, ne sortent pas. Le métro fonctionne de façon épisodique avec une faible fréquence. Les grévistes ne veulent pas que des capitalistes privés soient introduits dans le capital de la RTM, en l'occurrence la Connex, filiale de Veolia (ex-Vivendi environnement).

Jeudi 20 octobre, une délégation intersyndicale était reçue par Gaudin, maire de Marseille et président de la communauté urbaine. Celui-ci assurait que, tant qu'il serait maire, il n'y aurait pas de privatisation de la RTM. Mais, se contredisant dans le même temps, il ajoutait: "Ne me demandez pas ça". "Ça", c'est le choix de remettre la gestion et l'exploitation du futur tramway à une entreprise privée (délégation de service public), à l'issue d'un appel d'offres lancé par la communauté urbaine.

Cela n'explique toujours pas pourquoi il faudrait verser à cet important groupe capitaliste qu'est la Connex 850000 euros par an pour ses prestations ainsi qu'une part des recettes du tramway flambant neuf construit avec les fonds publics. D'après Gaudin, la mise en concurrence était indispensable pour obtenir de meilleurs prix. Or, il semble que, le 18 octobre, lors du dépôt des candidatures à l'appel d'offres pour la gestion et l'exploitation du nouveau tramway, une seule candidature ait été remise, c'était l'association formée pour la circonstance entre la RTM et la Connex.

Depuis le 24 octobre, le maire a fait appel à des bus de "substitution" pour essayer de gagner la reconnaissance des Marseillais réduits à la marche à pieds et aux embouteillages.

Il s'agit en fait de cinquante cars de 55 places assises, sans places debout, plus larges que des autobus. Certaines des compagnies de cars des Bouches-du-Rhône sollicitées ont refusé ce travail car leurs propres chauffeurs menaçaient de se mettre en grève si elles acceptaient. Du coup, une bonne partie des cars sont venus de Saint-Etienne, d'autres d'encore plus loin. Les chauffeurs doivent assurer six lignes qui partent en éventail du centre Bourse près de la Canebière avec un départ toutes les vingt minutes aux heures de pointe. On est loin des 500 autobus de 100 places qui circulent tous les jours et des deux lignes de métro. En outre, les chauffeurs ont fort à faire pour se diriger dans le réseau inextricable des rues de la ville, au milieu d'embouteillages pires que d'habitude, aggravés par les chantiers du tramway et de la gare Saint-Charles. Certains ont bien du mal à répondre aux questions des passagers d'autant plus que ni l'accent, ni la topographie locale ne leur sont familiers. Ces cars, qui coûtent 30000 euros par jour, ressemblent plutôt à un argument vis-à-vis des électeurs excédés de Gaudin.

Les élus municipaux UMP ont envoyé une lettre à Sarkozy pour lui demander de faire donner la police. Enfin Gaudin menace de demander au préfet un ordre de réquisition à l'encontre des grévistes.

La Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) accuse les grévistes de faire perdre 300000 euros de recette aux commerçants du centre-ville. Le journal La Provence publie régulièrement des interviews hostiles à la grève. Pourtant, malgré toutes les difficultés, nombre d'usagers disent qu'ils comprennent les grévistes et qu'ils ont raison.

Pour un service que la mairie, la presse et le patronat présentent comme grevant de façon injustifiée les budgets des collectivités locales, la démonstration de son utilité est faite! Ce réseau de transport est bel et bien indispensable.

La grande majorité des travailleurs de la RTM sont bien décidés à ne pas céder. Par exemple, mardi 25 octobre après midi, 93% des 300 bus normaux ne circulaient pas. Les grévistes ont décidé de ne pas s'en prendre aux chauffeurs de cars de même qu'ils ne s'opposent pas à la sortie de bus des dépôts. Les grévistes les plus actifs diffusent en grande quantité quatre pages expliquant les raisons de leur mouvement. Et la grève tient bon.

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