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Leur société
SDF : Des condamnés à mort par ce système
Chaque jour, on annonce la mort d'un «sans-domicile-fixe». Plus encore que le froid, la cause immédiate de leur mort a été la misère et le chômage.
La dénomination de SDF (sans-domicile-fixe) -dénomination devenue impropre car, pour la plupart, ce sont des femmes et des hommes qui non seulement n'ont plus de «domicile fixe», mais plus aucun domicile- cache le fait que pour une majorité, il s'agit de travailleurs pauvres ne pouvant plus payer leur loyer.
L'immense majorité de ces SDF sont ou ont été des travailleurs. Une étude de l'Insee de 2001 indiquait que 90% d'entre eux avaient exercé ou exerçaient une activité professionnelle, la plupart du temps pendant au moins cinq ans. Un sans-domicile sur trois travaille la journée, mais n'a pas de logement le soir. La faiblesse des salaires et la précarité de l'emploi, alliées à la flambée des loyers, les empêchent d'en disposer. Une fois à la rue, la déchéance, la maladie et la mort frappent vite: l'espérance de vie des sans-domicile n'est que de 49 ans.
Devant l'annonce de ces premiers morts de l'hiver, Villepin s'est fendu d'une proposition qui montre le mépris de ces riches quand ils feignent de se pencher sur le sort des pauvres. Il demande que les SDF, mais seulement ceux qui ont un emploi, soient assurés de bénéficier d'au moins un mois d'hébergement dans les centres. Cette distinction, entre les «pauvres qui ont du travail» et les autres, ressemble à ces «actions» des dames patronnesses qui récompensaient les «pauvres méritants». Mais ce cynisme condescendant est d'autant plus révoltant que, comme il n'a fourni aucun lit ni crédit supplémentaire aux organisations d'hébergement d'urgence déjà débordées, cela ne peut que se traduire par l'éviction encore plus rapide des autres SDF, sans contrat de travail, eux, à la rue. Il facilite de la sorte, non l'hébergement, mais la rotation dans les centres d'hébergement.
S'il voulait se montrer un tant soit peu charitable, un conseil: au moins qu'il la ferme!