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Leur société
Dette de l’État : À ceux qui en ont profité, de payer!
L'État va se désendetter. Dominique de Villepin et Thierry Breton l'ont une nouvelle fois promis lors de la «conférence nationale sur les finances publiques».
Ils ont fixé l'échéance de 2010 pour atteindre les 0% de déficit public, promesse d'autant plus facile à faire que ce sont leurs successeurs qui auront à la tenir. Sur le papier, c'est simple. Il suffit, disent-ils, de bloquer les dépenses de l'État. Comme l'inflation est de 1,5% par an, cela reviendra à les réduire d'autant. Reste à savoir qui paiera...
La dette publique se monte actuellement à 1100 milliards d'euros, plusieurs fois le budget annuel de l'État, qui se monte aux alentours de 220 milliards d'euros. Son remboursement coûte 40milliards d'euros par an et figure juste derrière le budget de l'Éducation nationale dans les dépenses publiques. Réduire cette ponction sur les impôts payés par la population serait bien sûr une bonne chose, si c'était à ceux qui ont creusé la dette qu'on demandait de l'apurer. Mais tel n'est pas le cas.
Si la dette a triplé depuis 1980, c'est essentiellement parce que les gouvernements ont multiplié les cadeaux aux patrons et aux classes aisées. «Faire payer moins ceux qui ont plus», telle a été la ligne directrice. Allégements de cotisations, subventions, révision en leur faveur des barèmes de l'impôt, ont creusé un trou «abyssal» dans le budget de l'État. Mais quand il est question de rembourser, ce n'est pas vers eux que se retourne Villepin. Il a certes déclaré qu'il allait mettre fin aux réductions d'impôts, mais c'est une manière de dire, en supposant qu'il tienne parole, qu'il ne reviendra pas sur celles largement accordées aux plus riches. Elles continueront à peser lourdement sur les budgets des prochaines années.
Par contre, en ce qui concerne les effectifs dans la fonction publique, il faut «tirer profit des départs en retraite», a affirmé Villepin. On sait ce que cela veut dire: du personnel en moins dans les écoles ou les hôpitaux. Villepin s'est même permis d'embarquer dans sa galère les collectivités locales, qui ne sont pratiquement pas endettées, en leur demandant de ne pas augmenter leurs dépenses. Il fallait oser, après leur avoir transmis la responsabilité du financement du RMI, celle du personnel ouvrier et de service des lycées et collèges ou encore la charge de l'entretien des routes nationales, toutes choses dont le coût risque d'augmenter dans les années qui viennent.
C'est dire que ce sont les services publics, c'est-à-dire par contre-coup la population laborieuse, qui vont faire les frais de l'opération.