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Leur société
Rémunérations patronales : La modération salariale, connais pas!
«Petite année pour les salaires des grands patrons», pouvait-on lire dans le journal Les Echos du lundi 24 avril. Entre 2004 et 2005, la rémunération totale brute des patrons des entreprises cotées au CAC 40 n'est passée en moyenne «que» de 2,24 à 2,27 millions d'euros, et seuls neuf dirigeants ont perçu une augmentation de salaire supérieure à 20%!
Cette modération salariale toute relative s'explique en fait par le renouvellement des dirigeants, qui doivent faire leurs preuves auprès des actionnaires avant de bénéficier du super-pactole, et non pas parce qu'ils se sont imposé des sacrifices. Ainsi, le successeur de Lindsay Owens-Jones, qui vient de quitter la direction de L'Oréal, ne débutera pas au salaire annuel de 7,36 millions d'euros (sans parler du million en stock-options) de son prédécesseur...
Pour tenter de justifier leurs salaires mirobolants, ces dirigeants avancent les responsabilités qui sont les leurs: être à la tête d'un grand groupe n'est pas une sinécure, disent-ils en substance; grâce à eux, des dizaines de milliers de personnes ont un emploi leur permettant de faire vivre leur famille! Mais outre que ce n'est pas «grâce» au PDG qu'une entreprise fonctionne, ce qu'ils taisent, c'est que, quand ils ferment des entreprises et jettent à la rue ces mêmes travailleurs, leur rémunération augmente en proportion des bénéfices supplémentaires que perçoivent les actionnaires.
Toujours pour se justifier, ils se réfèrent aussi à la mondialisation de l'économie. Selon eux, il serait impératif que leurs salaires s'alignent sur le modèle américain, là où les patrons sont le mieux payés, afin que les entreprises françaises fassent bonne figure. Ils n'ont pas la même préoccupation pour leurs salariés puisque, toujours en vertu de la mondialisation et de la soi-disant «bonne santé» des entreprises, leur rêve serait que les salaires des ouvriers français s'alignent sur ceux de la Chine ou de l'Inde...
Pile je gagne, face tu perds, voici la morale de ces gens-là quand il est question de salaires.