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Dans le monde
Hongrie : Un Premier ministre désavoué, et fier d’être impopulaire.
La coalition socialiste-libérale du Premier ministre hongrois, Ferenc Gyurcsany, vient de recevoir une claque électorale. Même si elle conserve Budapest, la capitale, l'opposition de droite emporte la plupart des grandes villes du pays et des assemblées départementales de province.
Le même Premier ministre avait pourtant gagné les législatives d'avril. Mais, mi-septembre, il y a eu le scandale de la retransmission d'un discours tenu, à huis clos, par Gyurcsany devant les élus de sa majorité. Il s'y vantait en termes injurieux d'avoir caché ses projets réels aux électeurs pour gagner les législatives, alors qu'il allait lancer une série de nouvelles mesures d'austérité. Écoeurés, des milliers de gens sont descendus manifester dans la rue durant plusieurs jours.
Dans un tel climat, le revers électoral du Premier ministre est une des rares choses que cet ancien responsable des Jeunesses communistes du régime d'avant 1989 n'ait pas volée, lui qui est devenu une des premières fortunes du pays en s'enrichissant lors des privatisations des années quatre-vingt-dix.
Ce que paie là Gyurcsany, ce ne sont pas seulement ses mensonges, son mépris, étalés sur les ondes. Le mécontentement populaire a des causes fort concrètes: les attaques contre le niveau de vie des salariés, des retraités, la mise à sac des budgets sociaux, le démantèlement des services publics mis en oeuvre par les gouvernements qui se succèdent depuis plus de quinze ans.
Ces sacrifices imposés à la population ont valu à Gyurcsany, encore en mai dernier, les félicitations bruyantes des dirigeants de l'Union européenne, pour le second anniversaire de l'entrée de la Hongrie et de neuf autres pays dans l'Union européenne.
Après sa victoire aux législatives d'avril, le même Gyurcsany avait annoncé des suppressions d'emplois massives dans les services publics, des réductions des dépenses de santé, d'éducation publique. Un programme qu'il avait encore aggravé, début septembre, car la Commission européenne avait déclaré que «le rythme de réduction des déficits» (en clair, ce qu'on allait encore prendre à la population), était insuffisant pour permettre à la Hongrie d'accéder à la zone euro.
Les «marchés», autrement dit les capitalistes ayant des intérêts en Hongrie, ont mal pris la défaite électorale du «socialiste» Gyurcsany. La Bourse de Budapest a reculé. «Les investisseurs craignent, disait le journal économique Les Échos du 3 octobre, que le Premier ministre ne puisse pas poursuivre ses réformes économiques.» Pour les rassurer, ledit Premier ministre répète qu'il ne démissionnera pas -un Chirac a-t-il démissionné, lui, après l'échec de son référendum sur la Constitution européenne en mai 2005?- et est «on ne peut plus déterminé à poursuivre [son] programme».
Cynique, fier de pressurer les petites gens sous les bravos des chefs de l'Union européenne, le nouveau venu Gyurcsany est digne de figurer aux côtés des hommes politiques de la bourgeoisie européenne.