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Leur société
Le troisième débat entre les trois prétendants socialistes : Parade militaire
Mardi 7 novembre, dans leur troisième et dernier débat télévisé programmé, consacré cette fois aux questions internationales et à celles relatives à l'environnement, les trois prétendants à l'investiture socialiste avaient choisi, de façon ostensible, de se présenter comme des chefs d'État responsables de la grandeur et de la puissance de la France.
Fabius et Strauss-Kahn étalaient leur expérience d'ancien Premier ministre pour l'un, de ministre des Finances pour l'autre. Ils ont même fait un cours de stratégie militaire, expliquant que s'il fallait peut-être reconsidérer telle ou telle priorité dans le choix du matériel, il n'était donc pas question de réduire le budget de l'armée ni de revenir sur la politique de dissuasion nucléaire. Royal abondait dans le même sens. Ils ont d'ailleurs tous trois déclaré être en accord avec la politique étrangère de Chirac et s'inscrire dans la continuité de la politique internationale incarnée par de Gaulle. Édifiant!
Mais de quelle défense de la France s'agissait-il? Aucun n'a pris le soin de le préciser tant il allait de soi qu'il s'agissait de cette France qui, aux quatre coins du monde, impose l'ordre en coopération avec les autres puissances impérialistes, en Afghanistan, au Moyen-Orient. Elle le fait même à son propre compte dans ses ex-chasses gardées d'Afrique, dont il ne fut curieusement pas question dans ce débat. Les trois rivaux socialistes se sont aussi gardés d'évoquer un autre volet lié aux questions de défense, celui des groupes industriels qui émargent, sous forme de commandes d'État, au budget de l'armée. Qu'ils se rassurent, ils ne seront pas rationnés si l'un des trois l'emportait. Ceux-ci sont même partisans de la construction d'un deuxième porte-avions nucléaire, pour pallier les défaillances du premier.
Seul Fabius qui, sur le tard, essaye de présenter son profil gauche de la gauche, s'est indigné du fait que des fabricants d'armes possèdent des groupes de presse. Comment ferait-il pour que cela change? Mystère. Là encore Dassault et Lagardère, visés par Fabius, n'ont aucune raison de trembler. Ils n'ont sans doute pas oublié que l'achat de TF1 par Bouygues s'est fait en 1987, sous la présidence de Mitterrand.
Partisans d'une armée forte, du porte-avions nucléaire, de la force de dissuasion elle aussi nucléaire, nos trois compères ont malgré tout osé terminer leur prestation par une vibrante profession de foi écologiste. Mais qui, à droite ou à gauche, n'est pas écologiste en cette veille d'élection?
À droite toute, ont tenu à affirmer les trois prétendants socialistes dans cet ultime débat. Mais les deux précédents étaient-ils plus à gauche? Qu'il s'agisse de la lutte contre le chômage, de la lutte contre la précarité, de la défense des conditions d'existence des milieux populaires, de l'amélioration des conditions de logement, ils se sont contentés d'affirmer que la clef de toutes ces questions était liée à la reprise de la croissance de «notre» économie, c'est-à-dire, si on y réfléchit, à la prospérité des capitalistes.