- Accueil
- Lutte ouvrière n°1997
- L’écologie à la mode : Des fleurs pour Nicolas Hulot, des impôts pour les travailleurs
Leur société
L’écologie à la mode : Des fleurs pour Nicolas Hulot, des impôts pour les travailleurs
Après la publication de sondages indiquant que Nicolas Hulot était majoritairement considéré comme le «plus crédible pour défendre l'environnement», la plupart des candidats à la présidentielle lui ont adressé des compliments, voire des propositions alléchantes.
Voynet, candidate des Verts, lui propose seulement de travailler avec elle. Fabius lui réserve, en cas d'élection, un poste de numéro deux du gouvernement. L'UMP de Sarkozy, qui avait pris une longueur d'avance en l'invitant à son université d'été, dit qu'il est «l'un des plus qualifiés» en matière d'écologie. Presque tous les candidats lui tressent des couronnes de laurier (bio) et ont réussi à se faire photographier avec lui. L'un d'entre eux, emporté par son élan, finira bien par lui proposer carrément de devenir Premier ministre, car il est consensuel, souriant et absolument inoffensif.
Car, s'il dénonce la catastrophe écologique qui menace la planète, Hulot prend bien garde de dire qu'il ne veut pas «contraindre» gouvernements et industriels, mais bien les «convaincre». Il en a d'ailleurs déjà convaincu quelques-uns et non des moindres. EDF, L'Oréal et TF1 sont des «partenaires fondateurs» de sa fondation et siègent à son conseil d'administration. Lutter pour les économies d'énergie avec EDF (en voie de privatisation qui plus est), contre les dépenses inutiles avec L'Oréal, le numéro un mondial des cosmétiques, pour l'éducation (même écologique) avec un vendeur de plages de pub comme TF1, ne semble pas le déranger outre mesure.
Dans ses propositions, Hulot parle rien moins que de sauver le monde. Son activité concrète est plus modeste. Sa fondation est partenaire d'une société d'autoroutes pour sauver les tortues Hermann de l'écrasement et des Armateurs de France pour protéger les cétacés. À ce compte-là, les sociétés d'autoroutes, qui ont intérêt à ce que le plus grand nombre de véhicules circulent, et les armateurs, qui font souvent naviguer des poubelles, se payent le label «Nicolas Hulot» pour pas cher.
La seule proposition chiffrée contenue dans son programme publié le 7 novembre, la seule d'ailleurs qui aurait un caractère obligatoire, c'est une taxe supplémentaire sur les produits pétroliers. Cette taxe serait augmentée chaque année afin de dissuader les consommateurs. Les premiers touchés seraient tous ceux pour qui l'énergie représente une grosse part des dépenses. C'est-à-dire les plus pauvres, particulièrement tous ceux qui ne peuvent faire autrement que de prendre leur voiture pour aller travailler. Hulot le sait, mais il dit que cette taxe serait rendue «supportable» parce qu'elle serait «expliquée»!
Le programme de Hulot, ce sont donc des discours généraux (souvent répétés à TF1), une grande sollicitude pour les animaux menacés (sujets d'émissions de télé), rien qui puisse froisser les grands industriels (dont Bouygues, propriétaire de TF1) et, pour finir, un impôt supplémentaire pour les pauvres, accusés par-dessus le marché de consommer trop et mal.
Malgré une petite mutation (plus de cheveux, moins de cravate) l'espèce des politiciens lancés comme des marques de lessive n'est pas en voie d'extinction.