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- Lutte ouvrière n°1999
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Leur société
Breton en guerre contre les 35 heures : Ministre aux ordres du patronat.
Thierry Breton, le ministre de l'Économie, invité sur Europe 1 lundi 20 novembre, a encore renchéri sur ses déclarations passées contre les 35 heures.
Elles seraient, selon lui, avec la dette publique, un des principaux "boulets" qui entraveraient l'économie du pays : "Je sais que ce n'est pas à la mode de le dire, mais plus on travaille et plus il y a de croissance", a asséné le ministre, "les 35 heures continuent à pénaliser l'économie française"... "on ne peut pas continuer avec les 35 heures".
Il faut dire qu'il y a quelque temps, le 20 octobre, Laurence Parisot l'avait interpellé en demandant : "Qu'attend le gouvernement, y compris monsieur Breton ? Le gouvernement est attaché à la défense des entreprises, voilà un moyen simple de défendre les entreprises françaises, abrogeons les 35 heures ! "
Bousculant donc le tout récent programme législatif de l'UMP, qui s'abstenait de trop avancer sur ce terrain, le ministre a tenu à donner publiquement des gages supplémentaires au Medef. Mais tout ce monde-là se paye la tête des travailleurs et de la population. Le patronat a obtenu près de 10 milliards d'euros annuels d'allégements de cotisations sociales pour la mise en place des 35 heures. Le gouvernement, sous Raffarin, a garanti au patronat la pérennité de ces allégements de cotisations sociales et les a encore augmentés en les dissociant totalement de l'application des 35 heures. Et aujourd'hui les patrons, comme toujours, et comme ils osent le reprocher aux autres, veulent "le beurre et l'argent du beurre". Ils veulent garder les quelque 18 milliards d'euros qu'ils empochent chaque année à ce titre... et faire retourner les travailleurs aux 39 heures.
De plus, contrairement à ce qu'ils clament sur les toits, ce retour aux 39 heures ne serait pas pour "gagner plus". Lorsque ce retour aux 39 heures a lieu, c'est bien souvent avec le même salaire que pour 35 heures, soit 39 heures payées 35. Les travailleurs se sont toujours battus pour une diminution du temps de travail sans perte de salaire, aujourd'hui le patronat se bat à l'inverse pour imposer l'augmentation de 10 % du temps de travail sans augmentation de salaire ! Ceux qui sont à la tête de cette offensive pour le retour aux 39 heures, très souvent au travers du chantage à l'emploi, ce sont les plus grands groupes industriels du pays et, parmi les plus riches, on compte : Bosch, Siemens, Still-Saxby-Fenwick, Heidelberg-Gross, et aussi Arcelor, etc.
Alors, quand Breton parle, quand l'UMP fait son programme, quand Sarkozy s'exprime sur le "désastre des 35 heures", en fidèles larbins du patronat, ils préparent et ils aident, à leur façon, le développement de l'offensive patronale pour faire baisser les salaires. Quant à gagner plus, pour les dizaines de millions de salariés, la seule façon sera d'aller prendre l'argent là où il est, dans la poche de tous ces profiteurs.