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- Lutte ouvrière n°1999
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EDF : la panne électrique du 4 novembre : erreur humaine... mais d'origine capitaliste.
On ne connaît toujours pas l'origine exacte de la panne d'électricité européenne du 4 novembre. Le groupe d'énergie allemand E.ON, dans les installations duquel la panne a démarré, se contente d'évoquer une "erreur humaine". Evidemment, elle n'est pas due au saint-esprit ! Mais cela n'explique pas tout.
Rappelons que le 4 novembre au soir, dans le nord de l'Allemagne, une ligne à très haute tension (400000 volts), qui enjambe un fleuve, était volontairement désactivée afin de permettre le passage d'un bateau. Opération habituelle réalisée à une heure de faible consommation. Ce n'est pas un problème de manque de production qui est à l'origine de cette panne, d'ailleurs plusieurs centrales électriques étaient à l'arrêt. C'est à la suite d'un dysfonctionnement concernant le transport haute tension que 10 millions d'abonnés européens, dont 5 en France, se sont trouvés privés d'électricité pendant une heure environ, le temps de mettre en service, en France, des centrales hydrauliques au repos, qui étaient fort heureusement disponibles.
L'interconnexion entre les réseaux nationaux d'électricité a été mise en place en Europe à partir du milieu du XXe siècle. Il s'agissait à l'origine d'assurer un secours entre les différents réseaux nationaux. Actuellement, 23 pays européens sont ainsi reliés. Mais aujourd'hui, avec l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence, l'existence de ces interconnexions permet de justifier des contrats de vente d'électricité entre une compagnie productrice d'un pays et un acheteur d'un autre pays. Le producteur et l'acheteur peuvent être raccordés à des réseaux nationaux différents, et même parfois séparés par d'autres réseaux, comme dans le cas, par exemple, d'un achat d'industriel autrichien à un producteur anglais.
La seule préoccupation de ceux qui défendent les "autoroutes de l'électricité", qui seraient créées par la construction de lignes haute-tension supplémentaires entre les pays, est d'ailleurs l'ouverture plus grande du marché. Mais, paradoxalement, les normes de gestion d'un pays à l'autre n'ont pas été unifiées, et en particulier les tolérances acceptables en matière de fréquence du courant électrique sont parfois différentes d'un pays à l'autre. Et comme les automates de surveillance, qui déclenchent les délestages (les coupures volontaires pour éviter l'effondrement de tout le réseau), sont réglés sur ces tolérances, on voit toute la difficulté.
C'est dans un contexte de lutte permanente entre producteurs entre eux, vendeurs entre eux, et producteurs contre vendeurs, qu'il faudrait instaurer une régulation sereine ! C'est une gageure. Et de ce contexte les responsables se gardent de parler.
Alors s'il y a eu évidemment "erreur humaine", ce n'est pas forcément celle que l'on croit.