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- Lutte ouvrière n°2009
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Dans les entreprises
Centre Leclerc – Vandoeuvre-lès-Nancy : Leclerc écrase les prix? Surtout les travailleurs!
Y a-t-il une école de formation pour les PDG de chez Leclerc? Il semblerait qu'ils soient sortis du même moule. Après celui de Montbéliard qui avait séquestré les employés, celui de Vandoeuvre-lès-Nancy ne supporte pas la création d'un syndicat FO, l'été dernier, dans «son» magasin.
Depuis vingt-trois ans qu'il a fondé le Centre Leclerc, ce patron se croyait le maître absolu. Comme partout dans la grande distribution, les salaires sont bas, la précarité élevée et l'arbitraire patronal la règle. Les trois cents salariés ont vu leur participation laminée et n'ont eu aucune augmentation de salaire alors que le magasin marche à plein régime. Lors des dernières négociations salariales, la direction n'a accordé que la promesse d'installer un distributeur de sandwichs et un frigo. Comme le dit crûment un des directeurs dont les propos sont rapportés par l'Humanité: «On veut bien être gentil mais on n'avait pas envie de donner plus alors que ces gens-là veulent juste bouffer du patron et planter l'entreprise. Chez Leclerc, c'est comme ça, les prix sont bas et les salaires aussi.» Et la direction veut que ça continue.
Le patron, lui, vit bien, et même très bien. C'est une des grandes fortunes de Nancy. Il dirige également le club de foot de la ville, l'ASNL, et fréquente assidûment les plateaux télévisés de France 3 pour parler de choses sérieuses, le foot, pas des conditions de vie et de travail dans son Leclerc. Pour ajouter au tableau, pendant que les employés triment, le fiston participe au Paris-Dakar. Bref, le smic pour les uns, l'épate du désert pour l'autre...
La direction fait tout pour se débarrasser du syndicat FO qui regroupe près du tiers des trois cents salariés du magasin. Un militant a été licencié pour abandon de poste pendant sa permanence alors qu'il faisait -comme d'habitude depuis six ans et avec l'accord de son chef- une rapide pause déjeuner à la cafétéria. Un autre militant risque le licenciement. Il est accusé d'avoir menacé un agent de sécurité. En d'autres circonstances, cela serait cocasse: l'agent de sécurité est bâti comme une armoire à glace, le militant plutôt fluet. Enfin, le responsable du syndicat est, lui, marqué à la culotte quand il se déplace.
Comme d'habitude lorsque de telles pratiques sont dénoncées, Michel-Edouard Leclerc fait le mort. Les médias locaux sont relativement discrets, mais trois quarts de page dans l'Humanité et un article dans Aujourd'hui -Le Parisien ont mis l'affaire sur la place publique. Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a saisi le ministère du Travail pour dénoncer le harcèlement patronal.
Le patron du Leclerc de Vandoeuvre-lès-Nancy se croit sans doute encore au XIXe siècle. Carton rouge!