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Leur société
Le programme politique du Medef : Les patrons entendent dicter leur loi
Réunis à Bercy le 25 janvier dernier, les patrons, par la voix de Laurence Parisot, ont présenté le programme qu'ils souhaitent voir repris par les candidats à l'élection présidentielle, et les mesures (en leur faveur) qu'ils attendent du futur gouvernement.
Rien de nouveau dans leurs revendications qui peuvent se résumer à «plus pour eux et moins pour les travailleurs». Proclamant que le patronat a «besoin d'air», la présidente du Medef s'est une fois de plus plainte des cotisations sociales et des impôts payés par les entreprises qu'elle juge trop lourds, et elle souhaite qu'une partie de la protection sociale soit financée par ce qu'elle nomme «la solidarité nationale», c'est-à-dire par l'argent public. Le Medef défend par ailleurs la liberté pour les patrons de faire ce qu'ils veulent dans leurs entreprises sans être limités par un Code du travail qui serait, selon eux, trop favorable aux travailleurs.
Les patrons mettent aussi en avant le droit de pouvoir licencier leurs salariés sans contrainte. Le Medef est bien évidemment partisan de généraliser le CNE à toutes les entreprises et le droit qu'il leur confère de pouvoir licencier un salarié sans motif pendant deux ans. À défaut d'idée nouvelle, Parisot change le vocabulaire et appelle cela la «séparabilité», qu'elle compare à un divorce à l'amiable; cela revient en fait à donner tous les droits à l'employeur, qui ne serait alors même plus obligé de justifier un licenciement.
À en croire le Medef, si les patrons étaient totalement libres de licencier, cela permettrait... de créer des emplois et de ramener le taux de chômage à 5%! La ficelle est un peu trop grosse pour tromper les travailleurs, mais le message ne leur est de toute façon pas destiné.
En revanche, Sarkozy l'a bien entendu. La veille de la réunion du Medef, il avait déclaré aux patrons de PME que le CNE était «un progrès» auquel il ne fallait «pas toucher». Il a aussi annoncé qu'il souhaitait la mise en place «d'un contrat unique, inspiré du CNE». Depuis, son porte-parole, Xavier Bertrand, a quelque peu nuancé ces propos et, tout en vantant les mérites du Contrat nouvelles embauches, a affirmé qu'il n'était pas dans son intention de le généraliser. Il maintient cependant qu'il faudrait revoir les conditions qui permettent aux patrons de licencier. Alors, rien ne dit que Sarkozy a abandonné son projet de généralisation du CNE quel que soit le nom qui serait donné à la nouvelle mouture et qu'il ne reviendra pas à la charge si les patrons le lui demandent.
Laurence Parisot et le Medef ont présenté le programme politique des patrons. Façon de rappeler que, quelle que soit l'étiquette de celui qui dirigera le futur gouvernement issu des élections, c'est encore et toujours eux qui ont l'intention de dicter leur loi.