Bouclier antimissiles : Un air de guerre froide au G808/06/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/06/une2027.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bouclier antimissiles : Un air de guerre froide au G8

Le G 8 (le sommet des huit pays les plus riches) d'Heiligendamm, en Allemagne orientale, devait, paraît-il, discuter en priorité du réchauffement de la planète. En fait, avant même son ouverture, il s'est mis à souffler sur ce coin de l'ancienne RDA comme un air de Guerre froide.

Et pas seulement à cause des grilles tout exprès installées, tel un rideau de fer, autour du G8 ou du no man's land de plusieurs kilomètres, protégé par un impressionnant déploiement de forces policières, pour tenir à distance du sommet les manifestants venus le contester.

En effet, le projet américain d'installer, en République tchèque et en Pologne, un " bouclier antimissile " a provoqué la colère du président russe. Du coup, Poutine a déclaré, à la veille du G8, que, si ce projet se concrétisait, la Russie se donnerait les moyens de " supprimer les menaces potentielles résultant de ce déploiement " de missiles.

Quand Poutine, le même jour, se décrit comme " un démocrate " et ajoute : " Nous devrons avoir des cibles en Europe ", cela ne fait pas rire, à commencer par les populations qui vivent à côté desdites cibles.

Mais quand la plupart des médias occidentaux sautent sur l'occasion pour présenter Poutine comme un " va-t-en Guerre froide ", ils ne manquent, eux non plus, ni de cynisme ni de culot. Car enfin, ce sont les États-Unis qui veulent installer aux portes même de la Russie, et sans lui demander son avis, des bases-radar liées à un système d'interception par missiles. Et Bush peut bien décrire hypocritement la Russie comme une alliée, les raisons qu'il avance pour justifier cette escalade militaire - fournir une protection contre les fusées que l'Iran ou la Corée du Nord pointeraient sur les États-Unis - ne se donnent même pas la peine de paraître plausibles. Car l'Iran et a fortiori la Corée du Nord ne disposent pas de missiles d'une telle portée. En fait, si les États-Unis tiennent tant à installer ces bases, c'est bien à titre de garantie contre la Russie elle-même. Les dirigeants impérialistes ont beau constater que celle-ci est devenue une alliée, et qu'elle ne contrôle plus les pays d'Europe de l'Est, elle n'en garde pas moins ses intérêts de grande puissance, et on ne sait jamais comment elle pourrait évoluer par la suite.

Alors, les dirigeants américains veulent profiter de la situation actuelle pour placer leurs pions. Et les " États-voyous ", comme Bush nomme divers pays, dont l'Iran et la Corée du Nord, servent en fait de prétexte à l'impérialisme américain pour renforcer ses positions, notamment en Europe centrale et orientale. Cela tout en relançant une course aux armements qui, même en temps de paix, est un des principaux moyens de subventionner de nombreux secteurs du capitalisme américain, dont bien sûr celui des industriels de l'armement.

Quant aux populations tchèque et polonaise qui - et on les comprend - semblent majoritairement opposées à l'installation de telles bases, Bush va profiter de sa venue en Europe lors du G 8 pour tenter de les convaincre des bienfaits du dispositif militaire nucléaire américain... au nom, bien sûr, de la lutte contre la " prolifération nucléaire ".

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