Depuis mardi 5 juin, 200 des 780 salariés du site Sogerma de Rochefort sont en grève pour une augmentation de leurs salaires. À la Sogerma, qui appartient au groupe EADS et effectue entre autres l'aménagement intérieur des avions, cette grève suit une grève pour les salaires sur le site de Saint-Nazaire le mois dernier. Elle a démarré après que le syndicat majoritaire FO ainsi que la CFDT et la CGC eurent signé un accord ne prévoyant que 1,1 % d'augmentation générale pour 2007 (après 1 % en 2006 et une " année blanche " à 0 % en 2005).

La grève s'est étendue à travers les ateliers de production, et cela malgré les tentatives d'intimidation de la direction, qui a cherché à faire croire qu'elle était illégale car sans appel syndical. Les grévistes ont ensuite été chercher l'aide de la CGT, seul syndicat qui soutient maintenant la grève. Outre une augmentation individuelle de 1 % en avril et 1 % en octobre, ils réclament 50 euros par mois pour tous, avec rétroactivité au 1er janvier 2007, plus 200 euros de prime. Cette revendication unitaire a été décidée après discussion aux piquets de grève, car elle permet que les ouvriers ne soient pas moins augmentés que la maîtrise. Et les salaires sont bas en production : 1 050 euros à l'embauche, 1 400 euros pour les travailleurs en 3x8.

La grève a été confirmée vendredi 8 juin à 80 % par un vote à bulletins secrets organisé par les grévistes. Très motivés, ils ont aussi fait un tract pour convaincre les non-grévistes. La grève reprenait de plus belle le lundi 11 juin, où le piquet empêchait les voitures de rentrer : la maîtrise devait se garer sur le parking extérieur, comme les ouvriers. Et mardi 12 une manifestation très remarquée rassembla 200 grévistes dans les rues de Rochefort. Un sous-traitant d'Airbus, Simair, situé sur la même zone industrielle de Rochefort, a connu aussi plusieurs débrayages pour les salaires, et d'autres sont prévus cette semaine. Les salariés de la Sogerma de Mérignac (Gironde) ont effectué une collecte de soutien. Et les retraités de l'usine, présents aux piquets, ont déjà donné plus de 2 000 euros à la caisse de grève. Des anciens disent qu'ils n'ont pas vu une telle grève depuis 1968 et soulignent la participation importante des jeunes, qui sont à l'initiative du mouvement.

Tout ceci conforte les grévistes de Rochefort dans leurs revendications, qui sont vraiment un minimum comparées aux richesses du groupe EADS. D'autant plus que le travail s'intensifie (alors que le site de Mérignac a licencié), avec une multiplication des horaires : aux horaires normaux, aux " quarts ", en 2x8, et aux équipes en 3x8 s'ajoutent maintenant des SD en 2x12h et des VSD en 3x10h. Et cela va s'aggraver avec la prochaine production sur le site de Rochefort d'une partie des fuselages des A330.