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Editorial
Qui se ressemble s'assemble... même pour les vacances
Sarkozy, qui passe ses vacances aux États-Unis dans une très luxueuse villa dont la location coûterait plus de 43 000 euros pour une quinzaine, a affirmé qu'il y avait été invité par des amis, au cours du point de presse qu'il s'est senti obligé de tenir sur place à cause des remous suscités par cette villégiature hors du commun. C'est bien possible. Lors de son escapade à Malte, au lendemain de son élection, sur un yatch qui se loue 193 000 euros par semaine, il avait été, a-t-il dit pour se justifier, l'invité du milliardaire français Vincent Bolloré. Mais que les amis de celui qui se prétend " le président de tous les Français " se recrutent parmi les plus grandes fortunes d'ici et d'ailleurs n'est pas sans signification.
Sarkozy n'est certes pas le premier président de la République à profiter de la générosité de ses amis et à vivre sur un grand pied. On se souvient de l'affaire des diamants offerts par l'empereur-dictateur Bokassa à Giscard d'Estaing, et des vacances de Chirac dans un palace de l'île Maurice à 3 000 euros la nuit. Mitterrand, tout socialiste qu'il se prétendait, avait lui aussi quelques millionnaires parmi ses amis. La seule différence est que Sarkozy a choisi d'étaler au grand jour ses amitiés chez les grandes fortunes.
Mais toutes ces amitiés ne peuvent pas ne pas appeler la réciprocité. Cela explique peut-être pourquoi toute la politique de Sarkozy est de multiplier les cadeaux aux plus riches en faisant payer la note à la population pauvre.
D'un côté, le gouvernement a fait voter une loi qui ramène à 50 % le bouclier fiscal mis en place par Chirac-Raffarin, qui limitait déjà à 60 % de leurs revenus déclarés les impôts des plus riches contribuables (eux seuls étaient évidemment concernés par une telle mesure). Grâce à cette mesure prise par Raffarin, l'héritière des Galeries Lafayette a reçu cette année du fisc, en remboursement sur ses impôts 2006, un chèque de sept millions d'euros. Inutile de dire que l'an prochain sera aussi bon pour les gens comme elle.
D'un autre côté, sous prétexte de développer la recherche sur la maladie d'Alzheimer, Sarkozy a annoncé qu'il comptait, au nom de la solidarité avec les personnes âgées, instituer une nouvelle franchise sur les soins médicaux, qui pourrait s'élever à 50 euros par an. C'est-à-dire qu'il fait payer ses promesses démagogiques par les malades. Qui cela va-t-il toucher le plus, sinon les retraités, souffrant de maux multiples liés à l'âge. Or si 50 euros par an ce n'est rien pour ceux qui ont de la fortune, pour ceux qui vivent avec une petite retraite, ou avec un petit salaire, c'est beaucoup. Et quand, sur France-Inter, un journaliste a demandé à Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, pourquoi on ne pourrait pas financer la recherche sur la maladie d'Alzheimer par les impôts, celle-ci s'est récriée, comme s'il avait dit là une énormité. En effet pour les ministres, l'argent des impôts est destiné en priorité à d'autres bénéficiaires.
Même si tous les habitants de ce pays payaient ces 50 euros par an (ce qui ne sera pas le cas), cela ne ferait rentrer dans les caisses de la Sécurité sociale que trois milliards. Cette somme est loin des cent milliards d'aides et de subventions accordées par l'État aux entreprises, c'est-à-dire aux bénéfices patronaux.
Sarkozy est solidaire de ses amis, les membres de la grande bourgeoisie et, dans la continuité de la politique menée par tous les gouvernements depuis vingt-cinq ans, il s'emploie à leur permettre d'augmenter leurs profits sur le dos de toute la population et en particulier du monde du travail.
Pour mettre un terme à la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, les travailleurs ne peuvent compter que sur la force collective qu'ils représentent. La solidarité n'est pas faite que pour les possédants ! Dans un passé pas si lointain, la solidarité des travailleurs en lutte a fait reculer plus d'une fois gouvernants et patronat.
Si nous ne voulons pas tout subir pendant toutes les années à venir, c'est à restaurer ce sentiment que nous devons nous préparer.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 6 août