Pour gagner plus, il faut augmenter les salaires !03/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2044.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pour gagner plus, il faut augmenter les salaires !

À partir de ce lundi 1er octobre est entrée en application la détaxation des heures supplémentaires. C'était une des grandes trouvailles de Sarkozy pendant sa campagne électorale, pour illustrer son slogan " travailler plus pour gagner plus ". C'est surtout l'illustration du cynisme de cet homme de main du grand patronat, mais aussi du vide de ses discours derrière les gesticulations pour la presse.

Faire des heures supplémentaires pour gagner plus ? Mais ce n'est jamais le salarié qui décide des heures supplémentaires, c'est son patron ! Ce que l'on ose présenter comme une liberté supplémentaire pour le travailleur n'est qu'une liberté de plus pour le patronat. Une façon aussi d'ouvrir une brèche dans la législation du travail, où les quelques articles limitant l'horaire de travail étaient faits pour protéger surtout les travailleurs des petites entreprises contre l'arbitraire du patron dans la fixation des horaires.

Ce n'est pas pour rien que ce sont les patrons du bâtiment et de la restauration-hôtellerie qui se montrent les plus alléchés. La nouvelle loi leur permet d'imposer plus facilement des heures supplémentaires et, par la même occasion, de masquer le fait que, s'ils ont du mal à trouver de la main-d'oeuvre, c'est à cause des salaires minables qu'ils payent. De plus, ils bénéficieront d'un allégement de cotisations pour chaque heure supplémentaire.

Pousser aux heures supplémentaires, allonger le temps de travail, est une politique réactionnaire. Les progrès de la productivité devraient profiter aux travailleurs qui en sont les artisans, et se traduire par une réduction du temps de travail ! D'autant que le pays compte plusieurs millions de chômeurs ou de demi-chômeurs. Encourager les patrons à user plus au travail leur personnel, c'est les encourager à ne pas embaucher.

Faire travailler plus, les patrons savent le faire, en augmentant les cadences sur les chaînes de production, en imposant partout un rythme de travail de plus en plus dur à supporter. " Augmenter la compétitivité ", cela consiste à faire faire plus de travail par moins de personnel.

Alors, ajouter des heures supplémentaires à un rythme de travail usant, c'est démolir encore plus les travailleurs, physiquement comme moralement. Ce n'est pas pour rien que le nombre de suicides dans les entreprises augmente, jusques et y compris chez les cadres.

Le véritable problème que ce slogan imbécile de Sarkozy dissimule est l'insuffisance des salaires. Ils n'augmentent pas ou peu, même pour ceux qui ont un CDI, et à plus forte raison pour les précaires. Par contre, les prélèvements payés par la population augmentent, réduisant d'autant le pouvoir d'achat.

Les derniers de ces prélèvements, ce sont les trois nouvelles franchises sur l'assurance-maladie s'ajoutant aux précédentes. Le même salaire nominal représente de moins en moins de pouvoir d'achat, grignoté à la fois par les prélèvements et par les hausses de prix des produits de consommation courante, des fruits et des légumes à l'essence.

La loi sur les heures supplémentaires fait partie de la rafale de coups portés aux salariés, en exécution des exigences patronales. Sarkozy et Fillon se relaient pour clamer qu'ils ont l'intention de continuer...

Alors, dans les semaines qui viennent, les syndicats appellent à plusieurs manifestations. Le 13 octobre, c'est une manifestation contre les atteintes à la santé au travail et contre les franchises médicales. Le 18 octobre, les travailleurs de la SNCF, seront en grève et manifesteront, rejoints par ceux de la RATP de l'EDF et de GDF. Plusieurs fédérations de fonctinnaires ainsi que certains syndicats enseignants y appellent également. Il est à souhaiter que d'autres les rejoignent dans l'action.

Il faut participer massivement à toutes ces manifestations, pour montrer à Sarkozy et Fillon que leurs mesures ne passent pas, mais aussi pour amener les directions syndicales à élargir ces journées d'action et à prévoir une suite, en appelant tous les travailleurs à agir ensemble.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 1er octobre

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