- Accueil
- Lutte ouvrière n°2045
- Stock-options : Le bal des faux-culs.
Leur société
Stock-options : Le bal des faux-culs.
Les déclarations d'intention des politiciens sur la taxation ou même la suppression des stock-options se multiplient depuis que Sarkozy s'est prononcé pour " une certaine contribution des stock-options au financement de la Sécurité sociale ".
Si Sarkozy n'a donné aucun chiffre, la Cour des comptes en a, elle, avancé un : d'après ses calculs, le simple fait de soumettre les stock-options, qui constituent une partie de la rémunération des hauts dirigeants des sociétés cotées en Bourse, aux cotisations sociales normales sur les salaires rapporterait trois milliards d'euros par an à la Sécurité sociale.
Si certains députés socialistes proposent également une taxation des stock-options, François Hollande, quant à lui, se prononce carrément pour leur suppression. Étant dans l'opposition, ça ne lui coûte pas cher... mais cela ne fera pas oublier que c'est le gouvernement Jospin, avec Strauss-Kahn au ministère des Finances, qui avait mis en place cette fiscalité avantageuse pour les détenteurs de stock-options.
À l'inverse, Laurence Parisot, la présidente du Medef, déclare que les stock-options sont déjà trop imposées. Pour un peu elle demanderait une rallonge pour Antoine Zacharias, le PDG de Vinci, qui a réalisé pour près de trente millions d'euros de stock-options dans la seule année 2004, et pour quelques autres du même tonneau.
Recevoir un paquet de stock-options, c'est avoir la possibilité d'acheter un certain nombre d'actions de l'entreprise que l'on dirige à un cours préférentiel et fixe. Lorsque le cours de l'action monte, l'heureux bénéficiaire des options peut les réaliser, c'est-à-dire acheter son lot d'actions à bas prix et les revendre immédiatement au cours du jour, encaissant la différence qui, dans le cas des grands PDG, peut se chiffrer en millions voire en dizaines de millions d'euros.
Ces sommes, qui paraissent astronomiques quand on les rapporte au salaire d'un travailleur, ne sont pourtant qu'un pourboire que les grands actionnaires concèdent à leur personnel dirigeant. Ainsi par exemple, lorsqu'en 2006 Forgeard, dirigeant d'Airbus, a réalisé ses stock-options, il a gagné 2,5 millions d'euros. Mais c'est 890 millions d'euros de bénéfice que Lagardère, un des propriétaires du groupe, encaissait sur la vente d'une partie de ses actions d'EADS, la maison mère d'Airbus. Car si les PDG touchent, en plus de leur salaire, une (grosse) participation aux bénéfices des grands groupes capitalistes, les familles bourgeoises, elles, sont les véritables propriétaires de ces groupes.
Alors Sarkozy peut bien parler de taxer les PDG, Hollande de leur couper quelques vivres et Parisot pleurer sur leur sort, ils sont tous les trois dans leur rôle : s'agiter sur le devant de la scène, s'opposer sur l'accessoire et, surtout, dissimuler l'essentiel, c'est-à-dire la fortune et le pouvoir sur la société de quelques dynasties bourgeoises.