L'Assemblée a voté le 6 décembre un amendement instaurant une taxe supplémentaire de 2,6 % sur le poisson et les produits de la mer. Il ne manque plus que son adoption par le Sénat.

Cette taxe sera appliquée sur la " première livraison ", soit les mareyeurs et la grande distribution, et sur la totalité du marché, y compris donc les 85 % de poisson importé. Elle sera ensuite répercutée sur le prix de détail. Selon les calculs du gouvernement, elle rapporterait entre 50 et 100 millions d'euros qui pourraient être redistribués aux marins-pêcheurs, pour compenser la hausse du prix du gazole.

Les marins-pêcheurs qui avaient manifesté contre le poids dans leur budget d'un carburant cher se satisferont-ils de cette mesure ? Rien n'est moins sûr. D'une part, le flou subsiste dans les modalités de redistribution - par prise en charge de certaines cotisations, par réduction des droits portuaires ? D'autre part, le prix du gazole, que les pêcheurs considèrent comme impossible à supporter au-delà de 0,30 euro le litre, est susceptible d'augmenter encore, sans que pour autant la nouvelle taxe varie. Le reversement risque en outre de favoriser les plus gros chalutiers. Enfin, rien ne garantit que les artisans pêcheurs voient réellement arriver la subvention, pas plus que les personnes âgées n'avaient vu, en son temps, l'ombre d'un centime de la vignette-auto...

Que reste-t-il de cette future taxe, si ce n'est une augmentation du prix du poisson et de ses dérivés pour les consommateurs, alors que pour beaucoup d'entre eux, il représente déjà un produit cher ? De quoi garder une fois de plus les recommandations diététiques des pouvoirs publics... en travers du gosier.