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Italie : Le pape n'ira pas à la " Sapienza "
" Censure ", " intolérance " : c'est ainsi que les responsables de l'Église italienne et du Vatican ont réagi après que le pape a dû annuler une visite prévue à l'université de la Sapienza, à Rome, le 17 janvier.
En effet le pape Benoît XVI considérait comme tout à fait normal de se rendre dans cette université dédiée à de nombreuses disciplines scientifiques et d'y faire un discours pour l'inauguration de l'année académique. Mais nombre d'universitaires et d'étudiants ne l'ont pas entendu ainsi. Dans une lettre signée par 67 universitaires, ceux-ci ont défini cette visite comme " incongrue ". La lettre rappelait notamment qu'en 1990 le pape, qui n'était encore que le cardinal Joseph Ratzinger, avait défendu l'attitude passée de l'Église en déclarant que, " à l'époque de Galilée, l'Église avait été plus fidèle à la raison que Galilée lui-même ", ajoutant même que " le procès contre Galilée avait été raisonnable et juste ". " En tant que scientifiques fidèles à la raison et se dédiant au progrès et à la diffusion des connaissances, ce sont des paroles qui nous offensent ", concluaient les signataires en demandant l'annulation de la visite.
Des collectifs universitaires ayant en outre promis de manifester contre la venue du pape, le Vatican a dû renoncer, déclarant que les conditions de sécurité ne seraient pas assurées. Mais dans les jours qui ont suivi, les médias, les partis politiques, y compris de gauche, et bien sûr tout ce que l'Italie compte d'associations catholiques se sont déchaînés pour dénoncer l'" atteinte à la liberté d'expression " dont le pape aurait été victime.
Pourtant ni le pape, ni l'Église italienne ne manquent jamais de s'exprimer et en ont largement les moyens. Et s'il y a intolérance, c'est peut-être dans le sens où il peut y avoir intolérance à certains produits trop utilisés. Une partie de la société italienne commence à en avoir assez des interventions tous azimuts d'une Église qui se croit chez elle partout, qui prétend dicter sa morale dans tous les domaines et devant laquelle les hommes politiques de tout bord s'inclinent servilement.
Et puis rappelons qu'en 1633 le savant italien Galilée avait été condamné à la prison à vie par l'Église pour avoir affirmé que la Terre tournait et n'était pas le centre de l'univers. Il a fallu attendre 1992 pour qu'il soit réhabilité et il se trouve encore aujourd'hui des représentants de l'Église, et non des moindres, pour justifier la décision d'il y a presque quatre siècles. Obscurantiste, l'Église l'est toujours ; elle n'ose plus condamner ceux qui disent que la Terre tourne mais s'oppose, par exemple en biologie, à l'utilisation de techniques scientifiques qui pourraient être d'une grande aide dans la lutte contre certaines maladies.
Alors oui, vouloir ouvrir au pape une université consacrée à la science est à peu près aussi incongru que vouloir nommer une cartomancienne professeure à la Faculté.