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Leur société
Sarkozy, un homme de choeur
La cérémonie des voeux aux autorités religieuses a été pour Sarkozy une nouvelle occasion de faire l'éloge de la religion et de courtiser les clergés. Les déclarations de la même eau se sont multipliées ces dernières semaines. À Rome, le 20 décembre, lors de son intronisation comme chanoine de Saint-Jean-de-Latran, il avait insisté sur " les racines essentiellement chrétiennes de la France " et affirmé que " La France a besoin de catholiques ". À Ryad, le 14 janvier, il avait étendu son propos à l'islam, célébrant le " dieu transcendant qui est dans la pensée et le coeur de chaque homme ". Cette fois, ce sont toutes les religions et leurs représentants officiels qui reçoivent en bloc et officiellement l'hommage du président.
Pour tenter de tempérer les réactions à ses prêches, qui se succèdent tels les grains d'un chapelet, il a tenu à ajouter que " la reconnaissance du sentiment religieux comme une expression de la liberté de conscience et la reconnaissance du fait religieux comme un fait de civilisation font partie, au même titre que la reconnaissance de l'héritage des Lumières, de notre pacte républicain et de notre identité ". Le pape, les imams, les rabbins dans un même bateau que Voltaire et Diderot, l'image est quelque peu osée. Et ce bateau gîte dangereusement du côté des représentants de la Bible, du Coran ou du Talmud bien plus que du côté de ceux qui contestaient l'obscurantisme religieux, ce qui leur avait valu le titre de représentants des Lumières.
Le lendemain, lors de ses voeux au corps diplomatique, après avoir parlé du défi du changement climatique, Sarkozy prédisait, pour le XXIe siècle, un deuxième défi, " celui des conditions de retour du religieux dans la plupart de nos sociétés ". Et d'ajouter que " C'est une réalité " que " seuls les sectaires ne voient pas ".
Sarkozy et les siens mélangent pèle-mêle religions, cultes, clergés, laïcité, mais ce mixage n'est pas neutre, comme lorsqu'il a dit au Vatican, le 20 décembre dernier " Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé et le pasteur. " Comme si, quand on est athée, on était automatiquement dépourvu de toutes " valeurs " et de toute morale.
Sarkozy aimerait donc qu'on enseigne au peuple les " valeurs " telles que les conçoivent les curés et leurs semblables, et qui sont encore et toujours celles de la résignation à l'ordre établi. Il faudrait accepter avec humilité le sort qui nous est assigné sur la Terre, en attendant un meilleur au ciel, voilà la " civilisation " prônée par le nouveau chanoine de Saint-Jean-de-Latran..