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- Lutte ouvrière n°2062
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30 % du smic pour les stages de plus de trois mois : Le gouvernement continue de se moquer des stagiaires
Le gouvernement vient d'annoncer que les stages, qui concernent essentiellement les étudiants, seront dorénavant indemnisés au moins à 380 euros mensuels net (30 % du smic) pour ceux dont la durée est supérieure à trois mois. Jusqu'alors il n'y avait aucune règle.
Xavier Bertrand, le ministre du Travail, se félicite d'une " avancée très importante par rapport à la situation de no man's land qui prévalait ". En revanche l'association Génération précaire, qui regroupe des stagiaires, a exprimé sa " profonde déception " ajoutant : " 30 % du smic, c'est moins que le RMI, et c'est insultant. " Le syndicat étudiant UNEF ainsi que divers syndicats de salariés protestent également.
Il existe dans le pays de nombreuses catégories de stagiaires qui ne sont pas concernés par cette mesure. Des professeurs commencent leur carrière comme stagiaires. Il y a des stagiaires dans bien des secteurs professionnels, comme la santé publique par exemple. L'utilisation de stagiaires est bien souvent un des moyens utilisés par des employeurs, privés ou publics, pour ne pas embaucher de personnel en fixe et faire ainsi des économies sur les salaires.
C'est souvent la même chose avec les stages proposés aux étudiants, dont certains sont obligatoires dans le cadre de leurs études.
Bien sûr, 380 euros par mois, même si c'est dérisoire, cela semble mieux que rien. Mais il faut savoir qu'assez souvent, tout de même, les stages étaient déjà légèrement rémunérés, à hauteur d'environ... 30 % du smic. Donc pas de changement dans bien des cas.
D'autre part, la plupart des stages des étudiants durent moins de quatre mois, et souvent moins de trois. Or la rémunération commencera... le quatrième mois. Un grand nombre de stages, la majorité probablement, échapperont donc à la nouvelle règle.
Enfin l'État, qui vient de prendre cette mesure, n'a pas décidé s'il allait ou non l'appliquer à la fonction publique. Pour le moment rien n'oblige celle-ci à rémunérer, ni même à indemniser les stagiaires.
Ainsi le ministère des Affaires étrangères propose plus de 250 stages qui ne seront ni rémunérés, ni indemnisés. Même les frais de voyage (et avec les Affaires étrangères, cela peut conduire loin !) seront à la charge des stagiaires.
Selon le journal économique Les Échos, " en coulisse, le Medef et la CGPME ont en effet argué qu'en imposant un salaire pour les stages "courts" le gouvernement risquait de voir l'offre de stage se tarir ". Ce qui signifie, en clair, que si les patrons étaient obligés de payer les stagiaires, ils pourraient cesser d'en prendre.
Le gouvernement, comme d'habitude, s'est incliné devant les souhaits patronaux. La fin de la précarité pour les stagiaires (et pour tous les autres bien sûr !) ce n'est pas à son programme.