La Redoute - Roubaix : Les « ch'tis salaires » sont en lutte.23/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2073.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute - Roubaix : Les « ch'tis salaires » sont en lutte.

C'est le mardi 1er avril que le premier débrayage a eu lieu à La Martinoire, le secteur dit « industriel » de La Redoute, l'entreprise bien connue de vente par correspondance. Depuis, tous les jours, une assemblée a lieu le matin. C'est là qu'il y a le plus de monde. Une autre assemblée a aussi lieu pour les équipes d'après-midi. À Roubaix, où se trouvent les bureaux, il y a aussi tous les jours un rassemblement, mais moins important.

Alors que la direction espérait un arrêt du mouvement pendant les vacances scolaires de la zone, où bon nombre d'entre nous avaient pris des congés, la mobilisation a un peu baissé, mais elle a continué (entre 200 et 400 personnes en tout chaque jour). L'objectif était de relancer la grève quand tout le monde serait revenu. La deuxième semaine de débrayages s'est terminée, comme la première semaine, par une manifestation réussie de plus de 500 personnes dans les rues de Wattrelos et Roubaix, dont de nombreux travailleurs des autres entreprises de la vente à distance : Les 3 Suisses, La Blanche Porte, Les Aubaines, Vert Baudet... Les problèmes sont les mêmes partout : les salaires sont très bas, la règle c'est le smic, et les conditions de travail se dégradent d'année en année.

Les augmentations proposées sont partout ridicules. À La Redoute, c'est 1,2 % pour l'année. Après une semaine de débrayages, la direction a « ajouté » un minimum de 18 euros et 6 euros de plus de prise en charge de la mutuelle. Il n'y a pas là de quoi satisfaire les grévistes qui se battent toujours pour 150 euros d'augmentation, l'embauche de 300 intérimaires et le paiement des heures de grève. Le moral est bon et, de plus, tout le monde est content de tenir tête aux grands chefs et au patron, de desserrer l'étau des cadences. D'autant plus qu'avant et après les débrayages le travail est plutôt détendu, et même ceux qui restent au boulot ne battent surtout pas des records de vitesse. Une bonne partie de la maîtrise, à qui la direction a proposé 0 % d'augmentation générale, ne voit pas d'un mauvais oeil cette mobilisation.

Interrogé par un journaliste sur ce qu'il comptait faire, le directeur de La Redoute a déclaré : « On verra le mouvement la semaine prochaine. » Eh bien, c'était tout vu ! Lundi 21 avril, 500 salariés ont participé aux assemblées de La Martinoire et 150 à celle de Roubaix. La direction a alors convoqué à 16 heures ce qu'elle a appelé une réunion de « sortie de crise » pour proposer : 1,2 % en plus du futur smic revalorisé pour les plus bas salaires, 6,61 euros de prise en charge de la mutuelle et... rien de plus pour tous les autres. Tout petit progrès, elle s'engagerait aussi à 60 embauches, dont 50 intérimaires. La seule annonce de ces résultats par l'encadrement le lendemain provoquait des débrayages plus massifs que les jours précédents ! Plus de 800 travailleurs ont participé aux assemblées de La Martinoire et plus de 200 à Roubaix, ce qui a provoqué un quasi-blocage de l'activité de la journée.

Il fait beau, tout le monde est content d'être aussi nombreux dehors, et une chose est sûre : la direction n'en a pas fini avec la lutte des « ch'tis salaires ».

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