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Tunisie : Sarkozy en visite ; pour quelques contrats de plus...
En visite en Tunisie, Sarkozy s'est refusé à toute critique concernant le régime dictatorial que Ben Ali impose depuis vingt ans à ce pays. « Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais de m'ériger en donneur de leçons », a-t-il déclaré, avant d'ajouter hypocritement à propos des libertés et des droits de l'homme qu'« aujourd'hui l'espace des libertés progresse » dans ce pays.
Ces propos ont profondément choqué tous ceux qui, en Tunisie, essayent de se faire entendre, militent pour la défense des libertés et sont en proie à la répression. Car, si Sarkozy ferme les yeux et décerne un certificat de bonne conduite à Ben Ali, la réalité de son régime est bien différente : la presse est asservie, la torture institutionnalisée, les opposants harcelés et les organisations ouvrières muselées.
Ainsi, début avril, une mission de la Fédération internationale des droits de l'homme, qui devait faire le point sur la situation des libertés dans la perspective des élections qui doivent se tenir en 2009, a été déclarée « indésirable ». En l'espace de six mois, c'est la deuxième fois qu'une délégation de la FIDH se voit empêchée d'enquêter par les autorités tunisiennes.
Les militants des droits de l'homme ne sont pas les seules victimes du régime. Tous les mouvements de protestation, toutes les tentatives de grève sont violemment réprimés. Ainsi, les 6 et 7 avril, la police a procédé à des dizaines d'arrestations parmi les syndicalistes, les chômeurs et les jeunes de la région minière de Gafsa. Plusieurs d'entre eux, dont le secrétaire général du syndicat de l'enseignement de base et le secrétaire général du syndicat de la santé de la ville de Redeyef, ont été passés à tabac, puis arrêtés. Cette répression vise à empêcher un mouvement, qui dure depuis janvier et qui dénonce le chômage qui frappe de plein fouet cette région du sud-ouest tunisien, de faire tache d'huile.
Voilà ce que Sarkozy appelle la progression de « l'espace des libertés » ! Il est vrai que Ben Ali et son clan ne sont pas les seuls à prospérer à l'ombre de cette dictature, près d'un millier de sociétés françaises profitent également d'une main-d'oeuvre à bas prix. Et pour le prix de son soutien, Ben Ali aurait promis à son ami Sarkozy quelques contrats supplémentaires pour Airbus, Alstom et quelques autres.